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La fracturation hydraulique triche-t-elle sur son âge ?
mercredi, 19 mars 2014 / Amélie Mougey

Ce lundi, les pétroliers américains ont envoyé des cartes de vœux célébrant les 65 ans de cette technique controversée. Mais celle-ci n’est rentable qu’avec des adjuvants chimiques. Et ça, on le sait depuis seulement vingt ans.

Les pétroliers américains sont émus. Le 17 mars, l’Institut américain du pétrole (l’API), l’organisation qui les représentent, célébrait les 65 ans de la fracturation hydraulique, la controversée technique d’extraction de gaz et pétrole de schiste, interdite en France depuis 2011. « Aux anniversaires on offre des cadeaux, là on célèbre un cadeau offert à tous » s’enflammait Mark Green, le blogueur attitré de l’organisation.

« La fracturation hydraulique a fait passer les Etats-Unis de la pénurie à l’abondance énergétique, développe Erik Milito, le responsable des opérations industrielles d’API. Dans son communiqué, l’organisation rappelle que, sur le territoire américain, 3,5 millions de barils de pétrole et 40 milliards de mètres cubes de gaz sont extraits chaque jour avec cette technique. « Grâce à elle, nous pouvons produire plus d’énergie avec une moindre empreinte environnementale », se réjouit encore Erik Milito.

Ce 17 mars, érigé en « jour de commémoration » par les pétroliers, l’API a donc envoyé des milliers de cartes postales électroniques. Les unes représentent des derricks côtoyant des cup cakes, les autres une photo du premier forage commercial réalisé le 17 mars 1949 à Duncan dans l’Oklahoma. Ainsi, à grand renfort de pastels et de sépia, les pétroliers insistent sur la longévité du procédé, et donc, en filigrane, sur sa fiabilité.

Sauf que cette date anniversaire est discutable. La technique utilisée en 1949 par la compagnie Halliburton (Howco) n’a jamais été rentable. Les pétroliers ont dû attendre 1997 pour développer l’extraction de gaz et de pétrole non-conventionnel à large échelle. Cette année là, George Mitchell, baron texan de l’extraction du gaz naturel considéré comme le père du « fracking », découvre que l’ajout de sable et de substances chimiques augmente considérablement l’efficacité des forages. Cette trouvaille est le fruit de décennies de recherches qui s’appuient en partie sur celles financées dans les années 1970 par le département américain à l’énergie.

Le petit million de puits de forage par fracturation qui émaillent aujourd’hui le territoire américain lui doit son existence. Mais n’en déplaise à l’API, pour l’heure, personne n’a démontré que cette méthode, qui n’a pas encore vingt ans, a un impact moindre sur l’environnement. Quant à la rentabilité du procédé, pour l’économiste Thomas Porcher, interrogé par Terra eco en octobre dernier, c’est déjà du passé.


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