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Faut-il porter un masque contre la pollution ?
vendredi, 14 mars 2014
/ Karine Le Loët / Rédactrice en chef à « Terra eco ». |
Avec le pic de pollution, les masques se multiplient en ville. Mais servent-ils à quelque chose ? Explication.
Quand l’air des villes s’encrasse, les cyclistes et les piétons sortent masqués. Conséquence du pic de pollution enregistré ces jours derniers, le spectacle des bouches barrées de tissus blancs et noirs – habituellement rarissime – se fait plus courant. A priori, il semble logique, puisque l’air qu’on respire est plus nocif, de le filtrer. Mais ces masques sont-ils vraiment efficaces ? Pour certains médecins, ils ne servent littéralement à rien. Selon le docteur Nhân Pham-Thi pneumo-allergo-pédiatre cité par le site du Nouvel Obs, « rien ne peut empêcher » les particules de PM10 de rentrer dans nos poumons : « Ceux qui pensent se protéger avec un petit masque en papier (voir photo, ndlr), comme l’on voit souvent sur les photos des résidents chinois exposés à des taux de pollution record, ne ménagent que leur conscience », précise le spécialiste. « Les masques chirurgicaux ou les foulards n’arrêtent que les plus grosses particules qui sont également filtrées par le nez », souligne le Plan régional de la qualité de l’air (PRQA) d’Ile de France.
Quid des masques plus élaborés - de type FFP2 et FFP3 - (qui pourraient filtrer respectivement 92 % et 98 % des particules de 0,6 micron en moyenne) dotés de coques et de valves ? « Vous n’avez qu’à regarder un masque qui a été porté une journée à Paris. Il est tout noir », se défend Daniel Humbert, dirigeant de Protechnique, l’un des fabricants de ces masques qui s’achètent entre 20 et 30 euros la boîte de 20. « Moi j’en utilise quand je circule à vélo, abonde Jean-Luc Saladin, médecin généraliste au Havre et administrateur du Club des villes cyclables. Ils ne filtrent peut-être pas les particules ultrafines mais arrêtent les fines, c’est déjà ça. Le seul inconvénient c’est qu’ils ne supportent pas la pluie ». Reste qu’ils doivent être bien utilisés : « Ce sont des masques à usage courts, qu’on ne remet pas le lendemain », précise Daniel Humbert. Il faut aussi que le masque soit le plus adapté possible au visage « sinon on respire une partie des polluants par les fuites ».
Aussi des industriels ont-ils carrément mis au point des concentrés de technologie. C’est le cas de Res-pro, une société britannique qui exporte de nombreux masques en France. La société met notamment en avant sa protection dernier cri équipée d’un système capable à la fois de retenir les particules fines de matière et de filtrer les composés gazeux via un procédé à charbon actif, directement inspiré des masques à gaz de nos aïeux. Et qui coûte quand même près de 40 euros.
Là encore, on insiste sur la nécessité de changer les filtres souvent (en moyenne une fois par mois pour un utilisateur moyen) et de choisir un masque à sa taille. Certes, « ils ne sont pas collés à votre visage. Donc il y a forcément des fuites par lesquelles les particules peuvent passer », admet Harry Cole, co-directeur de Res-pro. « Ce n’est pas parfait, souligne le spécialiste mais un cycliste qui fait un trajet domicile-travail d’une demie-heure matin et soir absorbe 3600 litres d’air et des polluants. Alors pour moi c’est une évidence, il faut utiliser une forme de protection. Ne pas en porter, c’est un peu comme refuser de porter un casque ou un gilet réfléchissant. Dans le milieu industriel, on ne se pose pas la question de l’utilité des masques de protection ! Or, nos masques sont inspirés des techniques utilisées dans le milieu professionnel. »