Il sensibilise les 700 acheteurs de la SNCF aux achats responsables et prouve par l’exemple qu’acheter mieux n’est pas moins rentable.

« Tout a commencé par un coup de gueule. Après des études d’ingénieur, des expériences en France et à l’étranger, j’étais acheteur chez General Electric dans les années 1990-2000. Les négociations se faisaient toujours par le prix. Je me suis installé à mon compte pour réfléchir à tout cela. Pour moi, nous n’allions pas dans la bonne direction : on ne pouvait pas toujours agir à court terme sans prendre en compte nos impacts.

J’ai fini par intégrer la direction des achats de la SNCF en 2007, sans dire, lors des entretiens, que la thématique responsable m’intéressait. Mon supérieur l’a appris plus tard. Depuis, je gère une équipe de douze personnes qui établit la vision stratégique durable des 700 acheteurs de l’entreprise.

Faire évoluer les fournisseurs

Avec nos 12 milliards d’euros d’achats par an, nous avons un impact en interne, mais aussi en externe, auprès de nos 28 000 fournisseurs. Pour cela, il faut convaincre – c’est mon rôle –, à commencer par les financiers.

Entre 2008 et 2012, plus de 80 % de nos appels d’offres comportaient des critères de responsabilité sociale et environnementale. Pourtant, notre performance financière a doublé. Les deux ne sont pas incompatibles, même si ce sera difficile à prouver tant que les entreprises n’auront pas une double comptabilité : financière et extra financière.

Nous ne devons pas jouer aux donneurs de leçons. Si un de nos fournisseurs ne respecte pas le cahier des charges, nous lui laissons d’abord la possibilité d’évoluer avant de chercher à nous fournir ailleurs. Un jeune acheteur qui n’a pas intégré les problématiques responsables n’a aucun avenir. Quand cette dimension sera naturelle pour tout le monde, notre métier pourra disparaître. C’est le mieux que l’on puisse nous souhaiter. »