https://www.terraeco.net/spip.php?article53907
|
Växjö fait feu de tout bois pour être la plus verte
jeudi, 27 février 2014
/ Tom Sullivan / AFP
|
C’est la ville la plus durable d’Europe. Ici, dans le sud de la Suède, les habitants se chauffent grâce aux déchets de la forêt et roulent au biogaz local. Et les autorités accélèrent encore le mouvement.
Nichée entre les lacs et les forêts de pins du sud de la Suède, Växjö (prononcez « Végzieu ») a poussé si loin les principes d’énergies renouvelables, de transports propres et d’économies d’électricité qu’elle se revendique « ville la plus verte d’Europe ». « On a commencé très tôt, rappelle le responsable environnement de la municipalité, Henrik Johansson. Dans les années 1960, nos élus se sont rendu compte que, pour que la ville connaisse un essor, il fallait nettoyer les lacs. Ils avaient été pollués par l’industrie drapière au XVIIIe siècle, puis par l’expansion de la ville. »
La réhabilitation du plus pollué d’entre eux, le lac Trummen, connu il y a trois siècles pour sa pestilence, a servi de catalyseur pour des projets environnementaux de plus grande ampleur. « Quand j’étais enfant, on n’aurait jamais rêvé de nager dedans, mais aujourd’hui c’est possible, se félicite le fonctionnaire territorial de 39 ans. C’est quelque chose qui s’est imprimé dans l’esprit des gens : si on veut vraiment quelque chose, on le peut. » Dès les années 1990, alors que le grand public ne s’intéressait guère au changement climatique, le conseil municipal se fixe des objectifs ambitieux : abandonner les carburants fossiles avant 2030 et diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre en moins de vingt ans.
Le résultat ? Aujourd’hui, les émissions de CO2 ont été réduites de moitié par rapport à 1993. Elles sont parmi les plus faibles d’Europe, – 2,7 tonnes par habitant et par an – et de moitié inférieures à la moyenne suédoise, qui est déjà basse ! Comment ? Växjö a mis en place, dans les années 1970, un vaste réseau urbain de chaleur biomasse. Une chaudière centrale, pionnière en son genre, fournit à la ville le chauffage et l’eau chaude, grâce aux déchets de l’industrie forestière du coin.
Par ailleurs, la ville encourage la conversion des terres agricoles en bio et la réduction de la consommation de papier. Et quand la mairie a lancé la collecte des déchets organiques, deux tiers des ménages se sont portés volontaires – en échange d’une réduction de la facture de ramassage des ordures. Côté transports, tous les bus municipaux roulent au biogaz local, produit en recyclant les déchets alimentaires et ceux des égouts. « Il est difficile de comparer des villes de tailles différentes, mais je dirais que c’est une des plus vertes d’Europe. Elle est très avancée et ambitieuse », estime Cristina Garzillo, coordinatrice de projet au Conseil international pour les initiatives écologiques locales, qui regroupe un millier de villes.
Ryan Provencher, un ingénieur de 39 ans originaire du Texas – Etat américain qui a bâti sa fortune sur le pétrole –, s’est installé à Växjö il y a dix ans. Et en a profité pour se convertir à l’écologie. « On recycle à peu près tout ici. Je n’utilise ma voiture qu’environ deux fois par semaine et j’ai tendance à aller au travail en courant ou à vélo », raconte-t-il. Il vit avec sa femme et leurs trois enfants dans une « maison positive », qui produit plus d’énergie qu’elle n’en consomme, grâce à des panneaux solaires et une panoplie de gadgets permettant d’économiser l’électricité. Par rapport à Waco, au Texas, où vivent ses parents, c’est « le jour et la nuit », s’exclame-t-il. « L’essence est si bon marché là-bas que personne n’hésite à prendre le volant. »