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Les chèvres de Wall Street
jeudi, 27 février 2014 / Miss Bouffe

Heureux temps où les chèvres ne craignaient que le loup ! Aujourd’hui, ce sont ceux de Wall Street qui croquent les biquettes. Et qui sait ce qu’aurait fait Monsieur Seguin face à la fourbe loi de l’offre et de la demande et aux carnassiers cours de la Bourse ? Ses descendants, eux, ferment la bergerie. En deux ans, le grand capital a décapité les troupeaux. Résumons : les Français veulent du fromage de chèvre, ça fait chic sur le plateau. Les producteurs produisent plus, mais pas assez, car la chèvre a ses limites. On importe donc du lait de chèvre des Pays-Bas. Soudain, il y a trop de lait de chèvre dans l’Hexagone. Et enfin, les cours mondiaux des céréales explosent. Or, la bique ne broute pas seulement la garrigue en fleurs. C’est la goutte qui fait déborder la baratte. Tout s’effondre : le prix du lait et le salaire des éleveurs, parmi les plus bas revenus agricoles. Résultat : en deux ans, 13 % des 3 000 producteurs français ont rendu leur tablier. Le lait manque à nouveau. Et les supermarchés crient à la pénurie de picodon, de crottin et de chabichou. Dans les prochaines semaines, les brebis mettront bas et le lait sera de retour. Mais pas de corne d’abondance, cette fois ! Il faudra déguster. —

Pas question de le fondre dans une ridicule tarte. Pain grillé et filet d’huile d’olive.