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J’ai testé le lombricompostage
lundi, 31 août 2009 / Laure Noualhat /

Journaliste errant dans les sujets environnementaux depuis treize ans. A Libération, mais de plus en plus ailleurs, s’essayant à d’autres modes d’écriture (Arte, France Inter, Terra of course, ...). Il y a deux ans, elle a donné naissance (avec Eric Blanchet) à Bridget Kyoto, un double déjanté qui offre chaque semaine une Minute nécessaire sur Internet.

, / Adrien Albert

Partager sa vie avec des vers, c’est exigeant : 500 bouches à nourrir, un tri sévère des déchets et des moucherons qui s’incrustent pour quelques gouttes de compost.

Un beau jour, môssieur a décidé de supprimer le chat qui partageait ma vie. Je me suis alors mise en quête d’un nouvel animal de compagnie. Plus discret, forcément. Et j’ai fait d’une pierre deux coups. Car, contrairement au chat, le ver de terre ne coûte rien, ne boude pas dès qu’il est enfermé, ne ronronne pas certes, mais n’urine pas non plus dans les sacs de voyage. Mon lombricomposteur – sur le papier du moins – avait du chien.

Nombreux sont les amateurs qui bricolent leur propre système avec des bacs en plastique ou en bois qu’ils perforent puis couvrent d’un drap. J’ai opté pour le système vers-en-main, le Can-O-Worms. Assez cher – 160 euros – comparativement à deux bassines trouées, mais très simple d’usage. Autre avantage du Can-O-Worms : il est livré avec les plateaux percés, le terreau de coco et les fameux vers.

Ovo-lacto-végétariens

Ce détail est crucial. Car sans un DEA de biologie des sols, on peut vite faire le mauvais casting. Le commun des lombrics ne peut se targuer d’être ver à compost. Ce dernier appartient à la famille des Eisenia andrei, Eisenia fetida ou Dendrobaena veneta, des individus robustes et voraces. On les trouve à la surface du sol ou dans les tas de compost bien entretenus. Quelques bourses à lombrics existent en ligne – de généreux donateurs se défont de leurs vers –, mais elles ne sont pas légion.

Les 500 individus qui festoient dans le dispositif boulottent 125 g de déchets par jour. La tribu lombricoïde ne goûte guère la viande et les os, et c’est tant mieux car l’ensemble fouetterait le cadavre. En revanche, notre petite famille grouillante adore les coquilles d’œufs broyées, les pluches, le café, le thé. Précisons qu’il faut compléter cet apport riche en azote avec des matières carbonées comme du carton humidifié, des boîtes à œufs et des mouchoirs en papier. A l’inverse, tout ce qui est acide est déconseillé, genre restes d’agrumes ou d’oignons. L’inconvénient majeur, et môssieur confirme, c’est la nuée de moucherons qui tournoie à la verticale du compost. Au fond du jardin, pas de souci, mais dans la cuisine en revanche, les invités se font bien remarquer.

Pots de misère

Pour la paix du ménage, le lombricomposteur a donc trouvé refuge sur le palier. Au milieu des bouquins sur la dianétique et des cadavres de bouteilles. Les voisins sont ravis. Si, si. On partage ainsi généreusement notre jus de compost. Pas à l’apéro, non. Nous le diluons au dixième pour abreuver nos plantes vertes. Le problème se situe en fait à cette étape. A regarder mes pots de misère qui se battent en duel, je me demande si tout cela vaut bien la peine. Par définition, le compost d’appartement se destine à un potager… d’appartement : deux pots d’herbes aromatiques et un ficus dénudé. —

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