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Lobby, greenwashing et charbon au menu du sommet de Varsovie
vendredi, 22 novembre 2013
/ Novethic / Le média expert du développement durable |
Les négociations climatiques finissent mal, en général. Mais pour le sommet de Varsovie qui s’achève ce vendredi, c’est encore pire que d’habitude.
Depuis le début, la conférence onusienne sur le climat, qui se tient à Varsovie, semble prendre la voie d’un échec annoncé. Omniprésence publicitaire des entreprises, matraquage sur les bienfaits du charbon « propre » dans les discours de la présidence polonaise, présence trop discrète des pays censés être les plus actifs dans la lutte contre le changement climatique (comme la France), exclusion d’une jeune militante manifestant son soutien aux Philippins… Tout cela alors que le typhon Haiyan venait tout juste de ravager les Philippines…
Jeudi 21 novembre, les ONG ont décidé que la coupe était pleine. « La conférence de Varsovie a mis la défense des intérêts des énergies du passé bien avant l’intérêt général des citoyens. Il n’y a plus rien à attendre d’une telle mascarade et les organisations représentatives de la société civile mondiale ont pris la décision de quitter les négociations climatiques afin de consacrer leur temps et énergie à d’autres sujets, comme la mobilisation des opinions publiques pour faire pression sur les gouvernements afin que le climat devienne une réelle priorité de l’agenda politique », expliquent les ONG dans un communiqué commun. Le fait est d’importance. C’est tout simplement une première dans l’histoire des négociations climatiques. A Copenhague, c’est bien contre leur gré que les associations avaient été privées de la fin des négociations… Alors comment en est-on arrivé là ?
Certes, ce n’est pas la première fois que les entreprises mettent à disposition des produits lors d’une COP. A Durban (COP17), il y a deux ans, Renault-Nissan avait ainsi offert un service de navettes aux délégués assuré par sa nouvelle voiture électrique, la Twizy. Pour autant, « cela n’avait rien d’équivalent à ce qui se passe aujourd’hui en Pologne. Surtout, ce qui nous heurte, c’est que la majorité des entreprises partenaires sont très polluantes comme Arcelor Mittal ou BMW (voir l’article du Guardian : “90 entreprises produisent 2/3 des émissions de gaz à effet de serre liées aux activités humaines”). Nous avons prévenu la délégation française et les ministres qui sont arrivés sur place – Philippe Martin (ministre de l’Ecologie, ndlr) et Pascal Canfin (ministre délégué au Développement, ndlr) – qu’il était hors de question qu’une telle chose se produise lors de la COP qui aura lieu à Paris en 2015. Il ne faut pas que cela créé un précédent », souligne Célia Gautier.
Faut-il y voir comme les ONG signataires de la lettre « une tendance dangereuse positionnant ouvertement les entreprises au cœur du processus de prise de décision » ? Le secteur privé a toujours eu droit de cité dans les négociations climatiques mais les entreprises y ont un statut d’observateur. Tout comme les ONG d’ailleurs. Ce sont aux Etats et à eux seuls d’y négocier les mécanismes et accords internationaux. Pour autant, cela ne veut pas dire que les entreprises n’ont pas un rôle à jouer : « Nous attendons notamment que les entreprises, que nous appelons “progressistes”, c’est-à-dire qui promeuvent les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique…prennent la parole, notamment en amont de la Conférence de Paris en 2015. Malheureusement, celles-ci sont moins nombreuses, moins puissantes et moins écoutées que les multinationales de l’énergie fossile », regrette Célia Gautier.
L’attitude de la Pologne n’est cependant pas une grande surprise. Le pays n’a jamais été actif en matière de lutte contre le changement climatique. Rappelons par exemple qu’au printemps 2012, le pays avait bloqué l’adoption d’une feuille de route de l’Union sur une faible teneur en carbone pour 2050 tandis que cet automne, il renâclait la fixation d’objectifs climatiques par l’UE. Dans les COP, le groupe dit de Visegrád – qu’elle forme avec la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie – prend également des positions plus proches de celles des pays émergents que de celles de l’Union européenne…
Mais le pays a dépassé les craintes que les ONG pouvaient avoir sur sa passivité. Alors que le ministre de l’Environnement, chargé par le gouvernement de présider les négociations, n’a pas fait preuve d’un grand enthousiasme afin d’aboutir à des avancées sur le projet de texte qui doit être débattu en 2015 (1), celui-ci a été déchargé mercredi 20 novembre de ses fonctions au sein du gouvernement. Tout en restant chargé du climat et de la présidence de la COP…
(1) Avant la Conférence, il écrivait sur Twitter : « Je ne suis pas sceptique sur les changements climatiques, je suis sceptique par rapport à certaines manières européennes d’aborder le sujet. »
Cet article de Béatrice Héraud a initialement été publié sur Novethic le 23 novembre 2013
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