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Dans la Drôme, les champs s’invitent à la cantine
jeudi, 21 novembre 2013 / Cécile Cazenave

En trois clics, œufs et carottes du Dauphiné arrivent dans les assiettes des collégiens. Comment ? Grâce à la plateforme Agrilocal, qui connecte paysans et établissements scolaires.

Des centaines d’enfants dévorent quotidiennement des tonnes de salade de tomates, carottes râpées, courgettes sautées et omelettes aux herbes. Des centaines d’agriculteurs produisent tomates, carottes, courgettes, œufs et yaourts. Les enfants et les agriculteurs vivent dans le même département. Les premiers mangeront-t-ils forcément les produits des seconds ? Il a fallu deux ans pour résoudre cette équation à une inconnue. Grâce à la plateforme Agrilocal, lancée par le conseil général de la Drôme, les cantines des collèges disposent désormais d’un outil informatique pour se fournir auprès des paysans du coin.

Tout est parti d’une réflexion sur les circuits courts. « Chaque année, le département doit jouer les pompiers pour répondre à des crises agricoles, explique Francis Aynaud, directeur du développement économique au conseil général. Mais ces aides sont toujours conjoncturelles. Or nous cherchions une réponse structurelle à la fragilité des exploitations. »

Casse-tête administratif

L’idée : changer de circuit économique pour générer une plus-value. Dans la Drôme, 100 millions d’euros sont dépensés annuellement en restauration collective. Et si une partie de cette cagnotte allait directement dans la poche des agriculteurs au lieu d’enrichir des centrales d’achats ? Mais voilà, les règles de la commande publique exigent la mise en concurrence des fournisseurs. Un casse-tête administratif pour les intendants comme pour les paysans. C’est désormais Agrilocal qui s’en occupe.

En trois clics, l’intendant du collège lance une demande pour 100 kilos de pommes de terre. La plateforme l’informe du nombre de producteurs qui cultivent le tubercule, classés par ordre de proximité géographique. Dans le même temps, les 350 producteurs – proches ou éloignés – abonnés à Agrilocal reçoivent la demande et peuvent y répondre en faisant une offre. L’intendant fait son choix et la plateforme génère un bon de commande. L’agriculteur retenu livre ses pommes de terre à la date indiquée.

Besoin de pédagogie

« Evidemment, il faut du volume : si la commande porte sur deux salades, l’agriculteur y perd », explique Francis Aynaud. L’environnement aussi. Et il faudra encore de la pédagogie pour que chacun y trouve son compte. Mais la démarche prend de l’ampleur. Sur les 30 collèges du département, 19 utilisent régulièrement Agrilocal, pour un bon de commande moyen oscillant entre 150 et 1 000 euros. A l’autre bout de la chaîne, une centaine de producteurs travaillent régulièrement avec elle. C’est le cas du Verger Saint-Martin, à Peyrin, qui a livré l’an dernier deux tonnes de compote de pomme au collège de Chabeuil, à 27 kilomètres, qui est devenu son principal acheteur. « La plateforme permet une gestion simple et c’est un marché conséquent », estime Jean-François Chosson, le producteur de fruits. Sa crainte de voir les prix baisser par la mise en concurrence des producteurs ne s’est pas réalisée. Dix autres départements ont d’ailleurs adopté à leur tour l’outil. —

- Le site d’Agrilocal

Impact du projet

19 collèges et 100 producteurs utilisent régulièrement Agrilocal

Le bon de commande moyen des cantines oscille entre 150 et 1 000 euros.