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Petit chez-soi, grand avec les autres
jeudi, 24 octobre 2013 / Walter Bouvais /

Cofondateur et directeur de la publication du magazine Terra eco et du quotidien électronique Terraeco.net

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Habiter avec les voisins, alors que l’on a déjà tant de mal à coexister ? Vous n’y songez pas ! Eh bien si, justement, songeons-y. En tout cas, d’autres y ont non seulement pensé avant nous, mais, mieux, sont passés aux actes. L’Association de développement de l’économie sociale et solidaire du pays de Brest a recensé plus de 400 projets d’habitat collaboratif en France. Bien davantage qu’un feu de paille : un mouvement de fond.

Le principe est simple : trouver une poignée de coaventuriers pour construire, sur un même terrain, plusieurs logements de qualité qui, tout en respectant l’intimité de tous, offriraient à chacun(e) davantage que ce à quoi il ou elle pourrait accéder seul(e). Concrètement : un bout de jardin, un potager partagé, ainsi que la mutualisation de toutes ces choses indispensables sans qu’on ressente forcément le besoin de les posséder : garage, buanderie, machine à laver, outils. En résumé, l’idée est de se loger plus confortablement, moins cher, en ville ou pas, tout en créant du lien avec des personnes que l’on choisit.

Les possibilités de l’habitat partagé paraissent infinies. Imaginons qu’un couple de retraités rejoigne un habitat partagé plutôt qu’une maison de retraite. Les voisins, plus jeunes, leur apporteraient le tumulte de la vie et les menues entraides qui, mises bout à bout, constitueraient une des clés de l’autonomie. En retour, ils pourraient confier leurs bambins à leurs aînés le temps d’une soirée ou d’un week-end.

Plus qu’un délire baba cool

Bien sûr, on hésite. Quitter son chez-soi bien à soi, aux contours bien délimités ? Tout cela ne flaire-t-il pas le baba cool sur le retour ? Les bribes de vie que nous avons saisies de ces projets collaboratifs montrent l’inverse. Il ne s’agit pas d’épouser ses voisins, mais bien d’élaborer un mieux-vivre avec eux. Il s’agit aussi de se lancer, de créer avec d’autres, d’inventer des solutions économiques, écologiques et, ce faisant, de tricoter du lien social, chacun à sa façon.

L’habitat partagé reste un investissement au long cours : on ne s’y lance pas comme l’on changerait de chemise. Mais il y a dans cette idée un peu du sel que l’on trouve dans la consommation collaborative : partage de véhicules, échange d’appartements, covoiturage, coopératives d’énergie. Airbnb, Blablacar, Enercoop en sont, parmi d’autres, les porte-étendard. Portés par des entrepreneurs d’un nouveau genre, ils n’ont d’autre prétention que de poser ici ou là une brique. Mais, assemblées, ces briques pourraient constituer les fondations d’un nouveau vivre, produire et consommer ensemble. —