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Le stop organisé, c’est simple comme un coup de pouce
mercredi, 2 octobre 2013
/ Amélie Mougey
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Gratuit, imprévu, spontané : non, l’auto-stop n’est pas révolu. A l’heure de la mobilité raisonnée, l’ancêtre du covoiturage mute. Exemples en Alsace et près de Toulouse.
Si les utilisateurs du service de covoiturage Blablacar sont désormais trois millions, le nombre d’irréductibles du pouce en l’air reste, quant à lui, impossible à chiffrer. Une chose est sûre, ceux-ci n’ont pas disparu. Au contraire. De l’Essonne à l’Alsace en passant par le Tarn-et-Garonne, ils sont des milliers à s’organiser pour inventer le stop de proximité.
Dans la vallée de Munster (Haut-Rhin), Fabienne Kohler, chargée du réseau Transi-stop, est devenue une spécialiste de l’impression de logos réversibles. « Côté pouce, c’est pour l’autostoppeur au bord de la route, côté automobile, c’est pour le pare-brise du conducteur », explique cette militante de l’association Vallée de Munster en transition. Depuis le lancement du projet en juillet dernier, une centaine d’inscrits se reconnaissent grâce à ces petits cartons. « On a également posé des autocollants sur les poteaux, les abribus, pour signaler les zones d’arrêt les moins dangereuses », précise l’organisatrice.
Mais Rezo pouce, Transi-stop, la Navette citoyenne en Bretagne et la poignée d’autres initiatives d’auto-stop organisé ne roulent pas pour autant sur les plates-bandes du covoiturage. « Le pouce organisé c’est surtout pour les petits trajets », indique Aurélie Corbineau, la coordinatrice de Rezo pouce. Piscine, médecin, shopping, ciné : cet auto-stop trouve tout son sens dans les zones rurales, là où le transport en commun est souvent synonyme de bus scolaires.
Pour se déplacer dans sa vallée de Munster, elle-même n’hésite pas à grimper dans la voiture d’inconnus plusieurs fois par semaine. Un moyen de montrer l’exemple, mais pas seulement. « Avec le nombre de voitures qui passe ici, je n’ai jamais attendu plus de trois minutes », se réjouit-elle. Dans les 82 communes du nord toulousain, les usagers font le pied de grue un peu plus longtemps. « Pour que le système soit fluide, c’est-à-dire avec moins d’un quart d’heure d’attente, il faut qu’au moins 10% des habitants d’une commune soient inscrits », remarque Aurélie Corbineau. Si quelques villages ont déjà atteint cet objectif, dans le réseau la moyenne tourne plutôt autour de 3% ou 4%.
L’incitation financière n’est pas exclue. Dans les communes de Rezo pouce, l’inscription au réseau a été fixée à 3,5 euros. Ensuite, conducteurs et passagers peuvent appliquer le barème fixé. « Un trajet de moins de 10 kilomètres c’est 50 centimes, plus de 30 km c’est 3 euros », indique Aurélie Corbineau. « Quand c’est gratuit, les gens se méfient », confirme une porte-parole de Blablacar. Mais « si les gens veulent partager les frais, ils sont libres de le faire, mais la plupart des conducteurs répondront qu’ils font le trajet de toute façon », tempère Fabienne Kohler.
« Un réseau de stop met deux ans à être connu, trois ans à rouler tout seul », rassure Amande Gat, fondatrice de la Navette Citoyenne à Hédé-Bazouges (Ille-et-Vilaine), dans une lettre d’encouragements adressé à un réseau en formation dans l’Essonne. Dans la vallée de Munster, les fondateurs de Transi-stop sont donc confiants. Si les auto-stoppeurs n’affluent pas au bord des routes pour le moment, le projet fait déjà des émules dans les vallées voisines « un maire nous a contactés, la démarche sera différente, elle viendra du haut, on espère que ça va marcher », sourit Fabienne Kohler. Car à Moissac comme à Munster, les logos cartonnés ont été pensés pour être dupliqués.