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À prendre sur le tas
jeudi, 26 septembre 2013 / Anne de Malleray

Super Trash, le documentaire désemparant de Martin Esposito, sort en salles le 9 octobre.

Enfant, il gambadait sur ces collines. Pendant quatorze mois, le jeune réalisateur Martin Esposito s’installe sur la décharge de Villeneuve-Loubet, dans les Alpes-Maritimes. Caméra au poing, il se laisse enfouir sous des tombereaux d’ordures : denrées alimentaires emballées dont il se nourrit jusqu’à en vomir face caméra, hydrocarbures jetés sans autorisation, médicaments, échantillons de parfum neufs, livres, tapis rouge du festival de Cannes. Un jour, Martin Esposito découvre même des cercueils d’enfants arrachés à des concessions périmées. Brutes, choquantes, ces images témoignent du grand gâchis auquel nous prenons tous part et qui nous dépasse. Mais, dépassé, le réalisateur l’est aussi, par son propos.

Œuvre hybride entre documentaire, enquête, ode à la nature et pamphlet politique, le film, in fine, désempare. On y comprend que la décharge héberge des dépôts illégaux, peut-être de l’arsenic, que le lixiviat, le liquide résiduel qui s’en échappe, pollue les nappes phréatiques. Faute d’arguments et de preuves, le flou demeure. Qui est responsable ? Quels sont les impacts environnementaux ? Le réalisateur, masque sur le nez et sueur au front, fouille, observe, recueille les confidences de salariés, mais l’enquête aurait besoin d’être poursuivie. De Super Trash, on dira sûrement que c’est un film « à message ». Oui, mais lequel ? Pour Martin Esposito, mettre en scène sa déchéance au milieu des ordures a l’air de signifier que l’humanité, parce qu’elle est capable de créer un tel monstre, n’est plus vraiment humaine. Il n’a pas tort. L’intention est bonne, le geste, héroïque, mais il ne suffit pas de saisir sa caméra, tantôt à l’endroit, tantôt à l’envers, pour savoir énoncer un plaidoyer. —


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