https://www.terraeco.net/spip.php?article51277
|
Au Brésil, les petites pierres font les grandes rivières
jeudi, 26 septembre 2013
/ Hélène Seingier
,
/ Aurélien Francisco Barros
|
De petits barrages en travers d’un ruisseau, au bout d’un champ. C’est grâce à cette idée simple d’un ingénieur du Nordeste que les paysans de la région peuvent cultiver leurs terres redevenues fertiles.
Manuel Massa sourit en fauchant ses herbes fourragères. Elles sont hautes et vert tendre. Pourtant, seuls des cactus et des broussailles hérissent le sol. La sécheresse frappe parfois si durement à Carnaiba, dans le Nordeste brésilien, que le paysan avait pris l’habitude de nourrir ses vaches avec des feuilles mortes. Et il ne compte plus les voisins partis grossir les favelas de São Paulo ou de Rio.
Et ces barrages n’utilisent que des ressources locales et bon marché : des pierres et des agriculteurs solidaires. « Zéro pétrole, zéro ciment ! », résume Ze Artur en s’approchant d’un chantier. Dans le lit d’un ruisseau, une dizaine d’agriculteurs jouent du burin et des biceps pour ériger une muraille de pierres. « N’oubliez pas de mettre des plantes entre les blocs, rappelle-t-il. Ça permet de retenir plus de terre, tout en laissant l’eau s’écouler. » Depuis vingt ans, l’homme a installé 50 000 barrages dans la région, avec des coups de pouce de la Banque mondiale et de l’Etat brésilien. Il a même été invité à venir vanter les mérites de ses barrages à l’université locale d’agronomie. Quand ils le croisent, les notables du coin, qui le prenaient pour un doux dingue, le saluent désormais avec respect. —