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27 centimes pour changer une vie
jeudi, 29 août 2013 / Walter Bouvais /

Cofondateur et directeur de la publication du magazine Terra eco et du quotidien électronique Terraeco.net

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C’était en février 2001. Le monde découvrait, stupéfait, les conditions de travail dans les « usines à sueur » des sous-traitants de la marque Nike en Asie, notamment en Indonésie. Le scandale qui suivit et un bras de fer avec les ONG contraignirent Nike, puis Gap, et d’autres, à assumer leurs responsabilités en imposant à leurs sous-traitants des normes plus strictes. Avril 2013, douze ans plus tard : l’effondrement de l’immeuble Rana Plaza, dans la capitale bangladaise, Dacca, fait au moins 1 127 morts. Et l’on (re)découvre que, chez nous, les paillettes auréolées de petits prix des marques occidentales mondialisées nous mènent à constituer une garde-robe que nous portons à peine. Tandis que loin de nos yeux, à l’autre bout du monde, les conditions d’achat imposées par ces mêmes enseignes à leurs sous-traitants ne permettent pas à ces derniers de garantir la sécurité de leurs salariés.

Génération H&M-Zara

L’ironie veut que, à la fin de l’année 2012, quelques marques aient signé un accord contraignant avec des ONG et des syndicats de la filière textile bangladaise. L’onde de choc consécutive à l’effondrement du Rana Plaza a élevé à près de 31 le nombre des marques signataires de l’accord. Celui-ci prévoit notamment des audits indépendants sur la sécurité des usines. Mais il reste tant à faire. De notre côté, nous, consommateurs, pouvons ouvrir les yeux et « demander » la transparence des grandes marques sur la fabrication de leurs nippes, sur leurs sous-traitants et sur la répartition des marges. Nous pouvons également privilégier les marques qui jouent la carte de la transparence – Honest by – ou porteuses de labels sociaux ou environnementaux, comme Demeter, Ecocert ou l’écolabel européen. Quelques initiatives innovantes ont également fait la démonstration d’une mode à la fois créative et respectueuse des hommes et de l’environnement.

Les baskets Veja, les robes Inedith, les jeans à louer de la marque Mud et même le jean écoconçu et français 1 083 ouvrent la voie d’une mode authentiquement responsable. Enfin, il faut stopper la course irrationnelle aux prix bas, qui anime la génération H&M-Zara. Augmenter de 27 centimes d’euros le prix d’un T-shirt vendu 29 euros en France suffirait pour multiplier le salaire de base d’un ouvrier du textile indien par 2,5. Qui osera dire que ces 27 centimes ne sont pas à la portée de tous ? —

A nos ami(e)s lecteurs(trices) : le prix de vente au numéro de votre magazine, inchangé depuis quatre ans, passe de 4,90 euros à 5,50 euros. Cette évolution, qui permet de contribuer à la viabilité économique du projet « Terra eco », est accompagnée de nouveaux tarifs d’abonnement – à l’année ou à durée libre – que nous vous proposerons dans les prochaines semaines. Pour toute remarque ou question sur nos tarifs, nous sommes à votre disposition à l’adresse suivante : contact@terraeco.net