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Au Royaume-Uni, des contrats de travail... sans travail garanti
jeudi, 8 août 2013 / Amélie Mougey

Précaires mais flexibles, les contrats « zéro heure » divisent les Britanniques. Ils concerneraient un million de personnes, dont la quasi totalité des employés de fast food.

Les fast food britanniques se partagent le podium des promoteurs de la précarité. Chez McDonald’s, neuf salariés sur dix, soient 82 000 Britanniques, sont embauchés en contrat « zéro heure », c’est-à-dire sans volume horaire garanti. Selon le Guardian, ce score, reconnu par le groupe, fait potentiellement de la chaîne « le plus gros signataire de contrats précaires » du pays. Potentiellement seulement, car le spécialiste du Happy meal est talonné de près par Domino’s Pizza et Burger King qui embauchent eux aussi presque la totalité de leur main d’œuvre avec ce type de contrats.

Baisse artificielle du chômage

N’imposant ni horaires, ni salaires minimums, ces dispositifs hérités d’une loi sur le travail de 1996 sont suspectés de faire baisser artificiellement les chiffres du chômage britannique, qui à 8% est relativement bas par rapport aux voisins européens. « Si vous êtes sous contrat mais sans travail, l’Office national des statistiques (ONS) vous compte comme employé » affirme le NewStatesman.

En principe ces contrats, formidables outils de flexibilité comme le rappelle Business week, sont destinés aux étudiants ou aux personnes cherchant un complément de revenus. Sauf qu’ils concerneraient en fait un million de personnes à en croire l’annonce récente de l’Institut britannique des ressources humaines ( CIPD). C’est-à-dire entre 3 et 4% de la population active. Le gouvernement conservateur de David Cameron, qui avançait le chiffre - quatre fois inférieur - de 250 000 personnes, est accusé d’avoir minimisé le phénomène.

Pas de congés, pas de repos, pas d’horaires fixes

La contestation grossissant, notamment au Parlement, le secrétaire au Travail Vince Cable a été contraint de reconnaitre au micro de la BBC « une certaine forme d’exploitation ». Pas de congés payés, pas de jours de repos, pas d’horaires fixes et parfois pas de travail : ces accords représentent « une nouvelle étape dans la dérégulation des rapports entre employeurs et employés, au détriment de ces derniers » estime Mediapart. On les trouve donc surtout dans les secteurs où la main d’œuvre est peu qualifiée et rarement syndiquée, analyse le Financial Times qui diagnostique l’essor d’ « une économie zéro heures » au Royaume-Uni.

Car les fast food ne sont pas les seuls à recourir massivement à ce type de contrats. Le Financial Time cite en vrac Buckingham Palace, les magasins Sports Direct, Subway et Cineworld. Quant à McDonald’s, qui assure prévenir ses employés à l’avance des plages de travail, il pourra toujours importer l’astuce de son homologue américain : donner des leçons aux salariés pour leur apprendre à vivre avec un salaire trop faible.