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Votre parking est-il plus grand que votre chambre à coucher ?
jeudi, 8 août 2013
/ Thibaut Schepman / Non, nous n’avons pas à « sauver la planète ». Elle s’en sort très bien toute seule. C’est nous qui avons besoin d’elle pour nous en sortir. |
Dans les villes américaines, les voitures ont plus de place(s) pour dormir que les humains. Et en France ? « Terra eco » a sorti cartes et calculette pour le savoir.
Comparer l’espace dédié au stationnement des voitures et celui laissé aux êtres humains. L’idée vient de Seth Goodman, un jeune architecte américain, animateur du blog Graphing parking qui dénonce la politique de stationnement dans son pays.
Le résultat de ses recherches est impressionnant. Dans la plupart des villes américaines, la loi impose de construire – en moyenne – 1,5 place de stationnement pour tout nouveau logement comptant deux chambres. Or, l’espace occupé par ces emplacements – et par les voies permettant d’y accéder – équivaut à 45 m2. C’est plus de la moitié d’un appartement classique aux Etats-Unis et bien plus que la taille d’une chambre à coucher, calcule l’architecte (voir son infographie ici). En clair, les voitures ont plus de place pour dormir que les humains. Seth Goodman a depuis été imité par un architecte s’intéressant à des villes plus petites de l’Ouest américain et par un blogueur canadien. Leurs conclusions sont les mêmes : ces normes ne correspondent pas aux besoins et aboutissent parfois à des situations absurdes.
Comme on le voit ci-dessus, les exigences sont très variables. On estime toutefois que la règle la plus répandue en France est de prévoir une place de parking pour chaque appartement de moins de trois pièces et deux emplacements pour les superficies supérieures. C’est moins donc qu’en Amérique du Nord. Il n’empêche, la construction d’un logement de deux ou trois pièces avec une seule chambre nécessite, dans la plupart des villes, la construction de 25 m2 de parking, soit plus que la plupart des chambres. Et les règles en vigueur empêchent déjà des projets immobiliers intelligents de voir le jour.
Voilà pour la loi. Mais peut-on savoir s’il y a déjà plus de places pour les voitures que pour les chambres dans nos villes ? Impossible à dire, tant « l’offre globale de stationnement est souvent méconnue sur le territoire », comme le déplore le Certu (Centre d’études sur les réseaux de transport et l’urbanisme). Seule la ville de Paris a calculé le nombre total de places sur son territoire, emplacements privés compris : 830 000 en tout. Ce qui donne, en sortant la calculette, environ 15,35 m2 de parking par logement ou 9,4 m2 par habitant. Si vous êtes parisien, à vous de voir si c’est plus ou moins que la taille de votre chambre ! Mais de toute façon, le problème n’est pas là.
Une enquête plus récente menée à Lille révèle qu’on trouve aujourd’hui 2,4 fois plus de places de parking que de voitures dans la métropole. Avec des différences énormes entre les quartiers (voir la carte (en PDF) par ici). On trouve seulement 0,69 place par résidence principale dans le centre ville. Mais déjà 10% de l’ensemble de l’espace urbain y est occupé par les parkings ! Ailleurs, on trouve jusqu’à 3,93 places par résidence principale, pour seulement 1% de l’espace occupé.
Ces statistiques invitent à mieux penser les règles de stationnement. Faut-il continuer à imposer un minimum de places de stationnement à construire dans des zones certes très peuplées mais où l’on trouve déjà beaucoup de parkings ? Si la réponse est non, alors il faudra trouver une alternative à la voiture pour les périurbains qui viennent travailler dans les centres-villes. A l’inverse, ne faudrait-il pas imposer un plafond maximum de places de parking là où l’offre de stationnement est déjà supérieure aux besoins ? Le projet de « loi pour l’accès au logement » prévoit de « limiter les contraintes en matière de places de stationnement ». Réponses en septembre, lors de l’examen du texte par l’Assemblée nationale.
Retrouver les règles et les plans locaux d’urbanisme en PDF des villes mentionnées ci-dessous :
Marseille : « 1 place de stationnement minimum par tranche entamée de 70 m2 planchers hors œuvre avec un minimum d’une place, sans pouvoir exiger plus de 3 places par logement. »
Paris : « Le nombre minimal de places exigibles pour une construction à usage d’habitation est le résultat (arrondi au chiffre entier inférieur) de la division de la Surface hors œuvre nette d’habitation par une surface de 100 m2. » En gros, en-dessous de 100 m2, vous n’avez aucune obligation.
Dans la banlieue parisienne : C’est très variable, mais nous avons constaté très souvent la règle d’une place de stationnement par logement, comme c’est le cas à Pantin.
Lille : « Une place de stationnement par logement. »
Cagnes-sur-Mer : « 1 place par tranche entamée de 60 mètres carrés de surface hors œuvre nette avec un minimum d’une place par logement. »
Chambéry : « Une place de stationnement par studio et un minimum de 1,3 place par logement de plus d’une pièce. »
Dunkerque : « Il est exigé la réalisation d’une place par logement. »