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Energies renouvelables : la Cour des comptes recadre encore l’Etat
jeudi, 25 juillet 2013 / Thibaut Schepman /

Non, nous n’avons pas à « sauver la planète ». Elle s’en sort très bien toute seule. C’est nous qui avons besoin d’elle pour nous en sortir.

Retards dans les objectifs, coûts toujours plus élevés... La Cour des comptes appelle la France à changer sa politique en matière d’énergies renouvelables.

Indispensable certes, mais trop chère et surtout trop inefficace. La Cour des comptes torpille à nouveau ce jeudi 25 juillet la gestion des énergies renouvelables en France. Elle estime que l’Hexagone aura non seulement beaucoup de mal à tenir son objectif de 23% d’énergies renouvelables dans sa production d’ici 2020, mais qu’en prime, cela risque de lui coûter très cher.

Le « gendarme financier » a sorti sa calculette. La France n’a augmenté sa production d’énergies renouvelables que de 2,3 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep) par rapport à 2005, le tout pour un « engagement financier de 14,3 milliards d’euros ». Il manque encore 12 millions de tonnes équivalent pétrole d’ici 2020. Ce qui « sera très coûteux à atteindre », déplore la Cour, sans s’avancer sur un chiffre. La seule CSPE (Contribution au service public de l’électricité, taxe sur l’électricité payée par les particuliers) que la Cour considère depuis 2011 comme un « quasi-impôt » non légitime – puisque « son niveau n’est pas soumis à l’approbation régulière du Parlement » – pourrait atteindre 8 milliards d’euros en 2020, contre 1,4 milliard en 2011.

Changer de circuit

Comment inverser la tendance ? Les défis sont énormes. A court terme, il faut simplifier le régime juridique « qui freine le développement des projets en France », notamment pour l’éolien. Il faudrait aussi mieux suivre les dépenses. Ce qui donne, plus précisément, dans la langue de la rue Cambon : « Mettre en place un dispositif centralisé du suivi statistique permettant de donner toute la visibilité requise pour éclairer les décisions, notamment en matière de connaissance des coûts de production par filière, des emplois et des marchés » et « réserver les moyens de soutien aux installations les plus efficientes compte tenu de leur coût, de leur part dans la production énergétique et de leur contenu en emplois ». Le grand perdant dans l’affaire serait le photovoltaïque, plus subventionné mais jugé « très largement plus coûteux que les autres sources d’énergie ».

Et ce n’est pas tout. La Cour précise également qu’il faudra transporter et consommer l’énergie autrement : « La politique en faveur des économies d’énergie constitue un volet aussi important, sinon plus important, que le développement des énergies nouvelles. Sans cet effort collectif, et sans cette prise de conscience préalable, il est vain d’espérer que les énergies renouvelables occupent une place prééminente dans le mix énergétique français. »