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Nous avons de l’or dans nos mains
jeudi, 27 juin 2013 / Walter Bouvais /

Cofondateur et directeur de la publication du magazine Terra eco et du quotidien électronique Terraeco.net

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C’était une époque où les « petits » consommateurs que nous étions avions renoncé à comprendre d’où venaient les « choses ». Or, ces choses qui nous entourent n’étaient pas inertes. Elles portaient en elles des histoires bien réelles. C’étaient des histoires de matières premières, de ressources naturelles, d’énergie qu’il avait fallu pour transformer ces ressources. C’étaient des centrales à charbon ou des fermes éoliennes, qui tournaient pour alimenter en électricité une usine d’extrusion de pots de plastique, dans lesquels viendraient s’agglutiner quelques centilitres d’un mélange de fruits voyageurs.

C’étaient aussi des histoires d’hommes et de femmes, qui fabriquaient ces produits dont ils étaient fiers. Ou qui cousaient des heures durant, dans des usines à sueur du Bangladesh, pour un salaire de misère. Mais ces histoires nous étaient inconnues. Nous en étions détachés alors même que nous étions viscéralement attachés à leur résultat : les produits de notre hyperconsommation quotidienne. « La disparition des outils de notre horizon éducatif est le premier pas sur la voie de l’ignorance totale du monde d’artefacts dans lequel nous vivons. Ce que les gens ordinaires fabriquaient hier, aujourd’hui, ils l’achètent ; et ce qu’ils réparaient eux-mêmes, ils le remplacent intégralement », expliquait ainsi Matthew B. Crawford dans Eloge du carburateur (La Découverte, 2010). Avec le temps et parce que les médias sont allés chercher derrière nos étiquettes, nous avons retrouvé le fil de la fabrication des objets qui peuplent nos vies. Rien de tel que de les palper, les démonter, les reproduire, pour retrouver l’utilité des choses.

Un trésor vieux comme le monde

Nous avons voulu, à l’approche de l’été, plonger tête baissée dans l’économie du do it yourself (« fais-le toi-même ») ou DIY pour les intimes. Au-delà du projet philosophique de la réappropriation du monde qui nous entoure, le DIY, lui-même vieux comme le monde, est un trésor… toujours pas pris en compte dans les calculs du PIB. Et pourtant, selon l’Insee, l’Institut national de la statistique et des études économiques, les activités domestiques, auxquelles on ajouterait « le jardinage, les courses et le shopping, [atteignent] 21 heures 30 par semaine. Le temps de travail domestique hebdomadaire moyen est inférieur à 35 heures, mais les personnes hors emploi y participent : retraités, enfants, chômeurs ou parents au foyer. L’ensemble de la population française réalise davantage d’heures de travail domestique que de travail rémunéré : 41 milliards d’heures annuelles contre 38 milliards, en 2010 ». —

Précision : cet édito a été fait à la main, en collectant, recollant et ajustant des morceaux d’idées glanées ici ou là pour la modique somme de presque rien.