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A Grasse, la solidarité ne compte pas pour des prunes
jeudi, 27 juin 2013 / Antonin Lambert

Dans les Alpes-Maritimes, une structure d’aide à la réinsertion crée des emplois en récoltant et en transformant les fruits délaissés par les particuliers.

Ce matin de fin de printemps, malgré le froid, une cueillette se prépare sur les hauteurs de Grasse (Alpes-Maritimes). Au cœur d’une propriété louée en saison à des touristes aisés, plusieurs orangers ploient sous les fruits. La maison de pierres sèches est vide. Personne pour profiter des oranges bigarades arrivées à maturation. Alors, les cueilleurs s’activent sous la bruine et récoltent une centaine de kilos.

Huile d’olive et confitures

Depuis le printemps 2012, les membres de Cueillette solidaire écument les environs de Grasse et du Cannet pour délester arbres et champs de leurs prunes, figues, pommes, kakis, olives, agrumes, raisins… Du propriétaire mettant à disposition ses arbres jusqu’à l’employé en insertion, la solidarité porte ses fruits. Et ce, « grâce à la reconstruction d’un tissu social local qui s’était délité », explique Sophie Allain, à l’origine du projet. « Avec une telle initiative, on limite le gaspillage en valorisant des produits locaux. Et l’on crée des emplois. La présence des bénévoles est indispensable au bon fonctionnement de l’association. Sans eux, on ne pourrait rémunérer de manière correcte nos employés. » Claude Benassi, le directeur de l’association d’aide à l’insertion professionnelle Renouer, dont dépend le projet, précise : « A l’origine, l’idée était d’aider les chômeurs en difficulté à retrouver du travail. Mais rapidement, nous avons nous-mêmes créé les structures nécessaires pour les employer.

Au retour des collectes, salariés et bénévoles valorisent les produits en les transformant – ils seront ensuite vendus via le site de l’asso. 1 500 litres d’huile d’olive, 500 pots de confiture de prunes, 40 litres d’eau florale et d’huiles essentielles ont ainsi été confectionnés depuis le printemps 2012. Les propriétaires y gagnent aussi, puisque 10 % de la production de leurs arbres leur revient.

Flanelle et lavande

Ce jour-là, dans une petite salle encombrée d’outils, de morceaux de flanelle et de mouchoirs en tissu fleuri, Nina prépare des sachets de lavande. La jeune femme de 27 ans bénéficie d’un « emploi aidé » et a activement participé à la cueillette de dix tonnes d’olives à l’automne dernier. Elle compte en profiter pour transformer cette expérience en activité pérenne. Au sortir de ses six mois de contrat, à la fin de l’été, elle sera parfaitement compétente pour travailler comme aide-jardinière. Tout comme les quatre autres salariés, qui voleront de leurs propres ailes. D’autres mains les remplaceront alors. Et se rattraperont aux branches de la solidarité fruitière.

Impact du projet

5 salariés et 128 bénévoles

2,5 tonnes d’oranges et 10 tonnes d’olives récoltées en un an

- Le site de Cueillette solidaire