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Olivier Aizac, sain patron des vide-greniers
jeudi, 27 juin 2013
/ Louise Allavoine
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En sept ans, le patron du Bon coin a fait du site Internet une entreprise capable de damer le pion aux géants américains du Web, et où il fait bon travailler. Quand la crise fait rage, il cultive la proximité et la solidarité avec ses employés, comme en ligne.
Moquette moche, mobilier cheap et déco quasi inexistante. Le bureau est à l’image du site Internet et du patron : un brin ringard, franchement humble. Olivier Aizac pianote ses SMS sur un portable première génération, ne porte pas de vêtements de marque et se montre bien plus discret que la plupart des boss du Web français. Pourtant, il pourrait fanfaronner. En sept ans, cet homme de 39 ans à la bouille ronde a fait du Bon coin le deuxième site Internet le plus fréquenté de France en temps de consultation, derrière Facebook, mais devant Google, s’il vous plaît ! Le modeste site français chatouille les géants mondiaux du Net dans l’Hexagone et affiche une santé financière insolente dans la morosité ambiante. Chiffre d’affaires : 97 millions d’euros en 2012, en croissance de 45 % par rapport à l’année précédente.
Mais la première satisfaction du directeur général n’est pas la rentabilité de l’entreprise. Non, sa plus grande fierté, c’est de diriger une boîte qui recrute. Comme le site, les locaux du Bon coin fleurent bon la proximité. On commence même à s’y tenir chaud. Depuis 2012, les effectifs sont passés de 70 personnes à presque 200, trustant un nouvel étage d’un immeuble de la rue du Louvre, dans le centre de Paris. Et les deux plateaux s’avèrent déjà trop exigus. Une équipe squatte son bureau le temps d’une réunion ? Rien de plus normal pour Olivier Aizac.
Car s’il peut aussi bomber le torse – ce qu’il ne fait pas –, c’est que sa politique managériale, fondée sur la confiance et la responsabilisation des employés, a permis à sa boîte de se classer neuvième au palmarès 2013 de l’institut Great place to work, catégorie moins de 500 salariés. Qu’est-ce qui fait du Bon coin une PME où l’on aime travailler ? Simple question de bon sens pour Olivier Aizac. « Nous cherchons à construire une entreprise qui sera toujours là dans vingt ou trente ans. Alors on ne court pas un sprint, mais un marathon », explique-t-il. Ici, le bien-être se cultive : pas de journées à rallonge, ni pour les employés, ni pour le patron, qui assume vouloir profiter de ses soirées et de ses week-ends. « Olivier n’est pas du genre à faire bosser ses équipes comme des brutes, souligne Alexandre Collinet, directeur adjoint chargé notamment des ressources humaines. Nous sommes convaincus qu’il existe une forte corrélation entre bien-être au travail et performance. C’est peut-être parce que dans notre parcours professionnel, lui comme moi sommes passés par des boîtes assez dures. »
Disparition des intermédiaires, solidarité, lutte anti-gaspi, retour du local et du lien social, le site porte des valeurs durables sans avoir besoin de les revendiquer. « On a la chance de bosser sur un projet qui a beaucoup de sens et cela joue aussi sur l’engagement des équipes », dit-il. Tous les trois mois, Olivier Aizac réunit ses employés pour discuter de ce qui a été fait et fixer les objectifs. Cette culture de la transparence et d’une vision partagée permet aux employés de se sentir acteurs d’un projet commun. Et « pour apprendre à se connaître et profiter, se trahit le fêtard, un séminaire est organisé, tous les ans, la première semaine de décembre ». Souvent à la montagne. Jusqu’en Islande, l’an passé. L’homme a le goût du voyage, de préférence sac au dos. Il est parti de cette manière plusieurs fois en Amérique latine, au Brésil l’été dernier. Et cette année ? « Ce sera plutôt bord de mer avec des amis. » Encore le choix de la proximité. —
En dates
1974 Naissance à Suresnes (Hauts-de-Seine)
1994 Entre à l’Essec (Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales)
1997 Part en coopération à Shanghai
2006 Lance Leboncoin.fr