https://www.terraeco.net/spip.php?article50081
Où fait-il bon faire trempette ?
vendredi, 7 juin 2013 / Alexandra Bogaert

La France n’est pas dans le top 10 européen des pays où les eaux de baignade sont les plus limpides. Si des efforts sont faits pour limiter les pollutions, de nouvelles exigences européennes pourraient changer la donne.

Un petit air d’été souffle sur la France. C’est le moment de penser au bon endroit où piquer une tête. La France offre 3 322 sites de baignade, en eau de mer ou en eau douce, ce qui fait de l’Hexagone le pays de l’Union européenne où, avec l’Allemagne, le choix de bassins où faire trempette est le plus large. Reste que, chez nous, toutes les eaux ne sont pas aussi propres qu’on le souhaiterait. Un récent rapport de l’Agence européenne de l’environnement montre que 60% des eaux de baignade hexagonales sont de qualité excellente contre 78% dans l’ensemble de l’UE. Et 87% des eaux sont conformes aux normes européennes de qualité contre 94% à l’échelle européenne. L’an dernier, 74 sites de baignade ont été jugés non conformes en France et sept ont été fermés. Une différence qui a plusieurs raisons.

Pour connaître la qualité de l’eau où vous avez l’habitude de plonger, rendez-vous sur le site du Nouvel Obs, où le journaliste Jean Abbiateci a publié ce « ploufomètre »

Des relevés tous les dix jours

La première, c’est que le classement établi par l’Agence européenne se fonde sur les analyses faites par chaque Etat de l’UE. Si chacun d’entre eux doit relever les niveaux de certains types de bactéries, notamment les entérocoques intestinaux et la bactérie Escherichia coli (indicateurs de la présence d’une pollution principalement due aux déchets d’élevage ou aux eaux usées), tous ne le font pas à la même fréquence.

« En France, ce sont les agences régionales de santé qui sont chargées d’effectuer les relevés, ce qu’elles font tous les dix jours », explique Pascal Kohaut, chef de projet baignade à la Saur, numéro trois français de la distribution d’eau. Une pollution qui dure plusieurs semaines pèse donc plus lourd dans l’évaluation annuelle de la qualité d’une eau que si les relevés étaient réalisés, comme ailleurs, de manière plus épisodique.

Des plans d’eau douce difficiles à préserver

La seconde raison est liée au fait que « la France a beaucoup de plages d’eau douce, plus complexes à préserver de la pollution, surtout quand elles sont à proximité d’un centre urbain, souligne Pascal Kohaut. Les sources de pollution peuvent être multiples : excréments d’animaux, contaminations des réseaux d’eau pluviale qui se jettent dans ces eaux de baignade par un réseau d’eaux usées, etc. »

A compter de cette fin d’année, les membres de l’UE vont devoir appliquer une nouvelle directive européenne (2006/7/CE) aux normes plus strictes. Dès 2014, les eaux seront classées en quatre catégories – excellent, bon, suffisant, insuffisant –, établies sur la base des relevés effectués pendant les quatre dernières années et non plus seulement pendant la dernière en date. Des pollutions ponctuelles pèseront donc moins dans la balance.

Logo Qualité ou Pavillon bleu ?

Cela signifie-t-il que la France va régresser ou au contraire gravir des marches dans le classement européen ? « Impossible à dire », note l’ingénieur spécialiste de la qualité des eaux. Et ce bien que la France se prépare déjà depuis plusieurs années à l’adaptation de la nouvelle directive européenne. Un gros effort a été fourni pour recenser tous les lieux de baignade, déterminer le sources de pollution potentielles, les résorber en rénovant par exemple les réseaux d’écoulement des eaux, vérifier le bon fonctionnement des stations d’épuration, et insister sur la prévention auprès par exemple des maîtres de chiens.

Une certification et un logo « Démarche qualité eaux de baignade » ont même été créés en 2009 par le gouvernement de l’époque afin de valoriser les collectivités qui ont anticipé les obligations européennes, ont mis en place un système d’auto surveillance des sources de pollution et de la qualité de l’eau de baignade, et informent en temps réel le public sur la qualité de l’eau.

C’est à ce jour la seule vraie garantie de qualité de l’eau. Si vous voyez ce logo sur une plage, vous pouvez donc aller vous baigner les yeux fermés (pour les ouvrir dans l’eau !). Mais seules 150 collectivités ont, à ce jour, obtenu cette certification. Elle préfèrent généralement communiquer sur l’obtention du Pavillon bleu (décerné ce vendredi même à 382 plages d’eau de mer comme douce en 2013, réparties sur 144 communes). Mais, contrairement à ce qu’on croit souvent, ce Pavillon bleu ne garantit pas tant la qualité de l’eau que la propreté de la plage, et son aménagement respectueux de l’environnement.


AUTRES IMAGES

JPEG - 116.4 ko
612 x 647 pixels

JPEG - 19.1 ko
246 x 142 pixels