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Les 10 commandements du festivalier musico-écolo
lundi, 29 juin 2009 / Karen Bastien

La musique adoucit les mœurs. Les concerts aussi. Ce n’est pas une raison pour oublier son gobelet et ses gestes verts au pied de la scène.

L’organisation d’une manifestation représente, en moyenne, pour chaque participant la production de 500 g de déchets – dont plus de la moitié est facilement valorisable – ; la consommation de 100 g de papier et celle de 200 Wh d’énergie (1). Voilà de quoi faire réagir l’éco-festivalier qui sommeille en vous.

1/ En transport en commun, je me déplacerai

Vous rêvez de partir en voiture, cheveux au vent et liberté au volant ? Pensez au minimum au covoiturage. Les Francofolies de La Rochelle, associées à Ecolutis et covoiturage17.com, proposent un site spécialisé pour les trajets partagés. Mais pensez surtout à prendre vos billets de train. Depuis la première édition des Eurockéennes, des navettes SNCF assurent la liaison de Belfort à Bas-Evette. Elles procurent à cette petite gare – qui n’avait plus vu de voyageurs depuis 1938 – 99 % de son trafic voyageurs annuel !

2/ Les labels, je scruterai

Votre mission ne sera guère difficile puisqu’il n’existe aujourd’hui qu’un seul label dédié aux festivals : Green’n’Clean. Décerné par Yourope, association européenne des festivals, il garantit une prise en compte de l’environnement, mais aussi de la sécurité et de la santé au travail. L’un des derniers primés, le Paleo Festival en Suisse – 6 jours, 225 000 spectateurs – fait référence avec une « charte des valeurs » pointue : énergies vertes, prévention auditive, politique des stagiaires ou encore accès des handicapés sur le site.

3/ Mes déchets, je trierai

Sac à dos et tente sous le bras, vous vous apprêtez à camper en musique. Peut-être rejoindrez-vous Dour en Belgique et ses 30 000 campeurs. Vous serez alors réveillé le matin par le duo « Music for a Bottle » : en échange d’une bouteille en plastique, celui-ci entonne une sérénade. En cas d’urgence – vapeurs d’alcool aidant, vous ne savez plus où jeter votre bouteille –, l’un des 240 agents de la Croix-Verte vous guidera vers les 55 îlots de tri ou les 400 poubelles de la zone. Objectif : ne pas faire plus de 10 m pour accéder à un conteneur.

4/ Mon gobelet, je chérirai

Le gobelet étant l’objet le mieux partagé par les festivaliers du monde entier, vous en aurez forcément un dans la main. En France, vous passerez sûrement par la case « consigne ». En échange d’un ou deux euros, vous recevrez un gobelet valable durant tout l’événement. Et ne récupérerez votre monnaie que lors de sa restitution finale. Ce système permet de réduire jusqu’à 70 % la quantité de déchets. En Belgique, vous déambulerez plutôt avec un verre en PLA, un agroplastique à base d’amidon de maïs compostable et biodégradable. Seul hic : le principal fabricant de ces gobelets étant américain, il ne peut garantir un maïs non OGM. 

5/ Les toilettes sèches, je viserai

Vérifiez toujours que vous avez bien pris la file des toilettes sèches. Leurs versions chimiques consomment 250 litres d’eau par cabine et utilisent des produits polluants. « Les Vieilles Charrues ne comptaient que 10 toilettes sèches en 2004. Il y en aura 90 cette année, fabriquées avec des élèves d’un institut médico-éducatif », précise Maryline Chasles, du Collectif des festivals engagés pour le développement durable et solidaire en Bretagne.

6/ Le billet électronique, je sélectionnerai

N’ayez pas la nostalgie des affiches de concert arrachées au petit matin et collées au-dessus de votre lit, l’avenir est au virtuel. Fabriquer une seule feuille de papier A4 (80 g/m²) nécessite en moyenne 10 Wh d’énergie, soit 10 mn d’éclairage d’une ampoule de 60 watts. Alors privilégiez le surf sur les sites Internet des festivals et l’option « billet électronique » quand elle existe. La campagne de publicité extérieure du festival de Benicàssim, en Espagne, est aujourd’hui réalisée exclusivement en papier recyclé.

7/ De sandwichs et vins bio et locaux, je me délecterai

Vous ne tiendrez pas le rythme du festival en vous gavant uniquement de BN et de limonade, alors craquez pour les produits bio et locaux. Depuis six ans, c’est au Village solidaire du festival interceltique de Lorient que se dégustent les produits bio et équitables.

8/ Les énergies, je scruterai

Vous trouvez la scène mal éclairée ? Pas la peine d’accuser un coup de mou des éoliennes ou des panneaux solaires. En France, aucun festival n’a encore réussi sa transition vers des énergies renouvelables. Par contre, la Grande-Bretagne est déjà convertie aux watts verts. Le Big Green Gathering carbure au vent et aux rayons du soleil, notamment sa Green Room, un chapiteau accueillant projections et numéros de cirques. Le Croissant Neuf Summer Party s’affiche, lui, comme le premier événement solaire de Grande-Bretagne. Ce choix lui permet d’économiser 1,5 tonne de CO2 par rapport au diesel.

9/ Au prix du billet, je serai vigilant

Vous pouvez l’arborer comme un slogan sur votre T-shirt : oui, à la culture pour tous. Le festival belge Lasemo s’engage sur le terrain du prix avec un pass trois jours à 53 euros et les tarifs des boissons et de la nourriture en baisse par rapport à l’an dernier.

10/ La scène écoconçue, je réclamerai

Et vous ne demanderez pas la lune, puisque cela se fait déjà aux Nuits carrées d’Antibes. En 2008, « l’espace qui accueillait le public était créé à partir de bouteilles d’eau vides », raconte Thierry Boblet, de l’agence Eo Developpement, qui a travaillé sur la démarche d’écoconception de l’événement. Avec un résultat étonnant, notamment la nuit grâce au rétroéclaiage de cet ensemble de cloisons et de mobiliers de récup. 

(1) Source : Guide des éco-manifestations en Poitou-Charentes.


DU SOCIAL VERSION JAZZY

Créé en 1978 par une poignée d’amateurs, le festival Jazz in Marciac est devenu une référence en Europe. Le succès de ce bourg de 1 200 personnes a bouleversé l’ensemble du tissu économique local. Marciac a signé un partenariat avec l’AFPA (association nationale pour la formation professionnelle des adultes) afin de réinsérer en priorité des demandeurs d’emploi sur les chantiers qui accompagnent le boom de la cité.

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