https://www.terraeco.net/spip.php?article49908
Ex-faon des sixties
jeudi, 30 mai 2013 / Anne de Malleray

Bambi, de Sébastien Lifshitz. En salles le 19 juin et, le 25 juin, 1 DVD Épicentre, 17 euros.

Dans les années 1960, aux très riches heures des cabarets de Pigalle, Marie-Pierre Pruvot, alias Bambi, fut l’une des meneuses de revue les plus en vogue du Carrousel, célèbre dans le monde entier pour ses spectacles transformistes. Née en 1935 dans la banlieue d’Alger, Marie-Pierre, dès sa prime enfance, préfère les robes aux pantalons et ne supporte pas son prénom : Jean-Pierre. Pourtant il faut se conformer aux attentes des adultes, ne pas choquer, se faire discrète à l’école. De l’enfance et de l’adolescence, Marie-Pierre garde le souvenir d’une absence à elle-même, d’une faille profonde et insoluble jusqu’au jour où elle assiste à une revue du Carrousel, en tournée à Alger. Alors, c’est l’échappée belle.

A Paris, où elle débarque à l’âge de 17 ans, elle frappe à la porte du cabaret Madame Arthur et commence peu à peu la scène et le travestissement. En 1958, elle se fait opérer, deux ans après son amie Coccinelle, la première transsexuelle française. Bambi passe près de quinze ans sur scène, puis décide, au début des années 1970, de retourner à l’anonymat. Le documentaire de Sébastien Lifshitz ramène Bambi sur les traces de son passé, en Algérie, où elle prit la décision « la plus importante de sa vie » : tout quitter pour ne plus revenir. A travers des souvenirs, des extraits de films tournés en Super 8 par Marie-Pierre et ses proches, des photographies de l’enfance, Bambi retrace la trajectoire de sa vie comme une ligne claire. Au-delà de sa transsexualité et de sa beauté fascinante, on découvre l’histoire d’une femme libre, fidèle à ses convictions. « Je veux bien ne pas choquer la société, mais je veux qu’on me laisse libre. C’est cette résistance qui a vaincu les résistances de la société », analyse-t-elle. De ce dialogue ouvert entre le réalisateur et Bambi naît un témoignage précieux, qui invite à comprendre. —