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Ballon de Paris : le nouveau laboratoire volant de la qualité de l’air
vendredi, 26 avril 2013 / Elsa Ponchon /

Journaliste à Terra eco. Folle des bébés chiens, droguée au chocolat et mordue de nature.

Le ciel de Paris accueille un tout nouveau ballon. Plus performant, il permet de sensibiliser 400 000 Franciliens sur la qualité de l’air dans la capitale.

Une quinzaine de visiteurs attendent de monter dans la nacelle, au parc André Citröen dans le 15e arrondissement. Une nouvelle attraction touristique ? On peut dire ça. Rapide et silencieux, le nouveau Ballon de Paris bleu ciel s’éloigne tranquillement du sol pour un vol d’une dizaine de minutes à 150 mètres d’altitude (soit aussi haut que le deuxième étage de la Tour Eiffel), voire à 300 mètres pour les chanceux (et les lève-tôt) les jours de beau temps. Et Paris s’étend à vos pieds. L’envie vous prend de respirer à pleins poumons. « Si vous prêtez attention, vous pouvez distinguer une bande jaune à l’horizon, juste avant le ciel bleu, indique Nicolas Roulier, responsable du site et pilote à l’occasion. Cette bande peut virer au noir très tôt le matin et former une cloche au dessus de Paris à cause de l’air froid en altitude qui la retient prisonnière. Ça, c’est la pollution ». On repassera pour le bol d’air pur.

Deux indicateurs de la qualité de l’air

Plus qu’une simple attraction, le ballon de Paris est un outil de sensibilisation à la qualité de l’air. Il a d’ailleurs été rebaptisé Observatoire atmosphérique - Generali (l’assureur a sponsorisé le projet). Ce ballon affiche sur son enveloppe deux séries de pictogrammes : des voitures clignotantes et les principaux monuments de Paris. Visibles de jour comme de nuit - car alimentés par le textile photovoltaïque du ballon - ces pictogrammes indiquent, grâce à un code couleurs, le niveau de pollution au sol et dans l’air ambiant [1].

Ce mercredi, les voitures clignotent orange. Normal, Airparif a émis un bulletin d’alerte contre un énième épisode de pollution aux particules fines PM10, dont l’indice est élevé. Par contre, les monuments affichent du vert, signe que la qualité de l’air ambiant est correcte. « C’est une situation assez classique. Je n’ai jamais vu jusqu’à présent de rouge pour l’air ambiant. Et l’air près du trafic est vert essentiellement le weekend ou la nuit », témoigne Nicolas Roulier.

Mesurer les particules ultrafines

Ce nouveau ballon est aussi un laboratoire volant unique au-dessus de Paris. Il embarque à son bord un appareil de mesure, le LOAC, issu d’un partenariat avec le CNRS qui se focalise sur les particules ultrafines, inférieures à 1 micromètre (PM1). « Jusqu’ici, nous ne pouvions pas mesurer les très petites particules. Or c’est essentiel car elles s’avèrent les plus dangereuses pour la santé : de part leur petite taille, ces particules carboniques pénètrent les voies respiratoires et se collent aux organes, notamment le cœur, les poumons ou le cerveau. Elles sont à l’origine de problèmes respiratoires ou de cancers. Le ballon nous offre une occasion inédite de mieux connaître ces polluants qui ne font pas encore l’objet de recommandations », explique Jean-Baptiste Renard, directeur de recherche au LPC2E (Laboratoire de physique et chimie de l’environnement) au sein du CNRS. En attendant des résultats plus poussés, il suffit bien souvent de lever le pied pour limiter les pics de pollution ou troquer sa voiture pour les transports en commun. Vos efforts seront visibles dans le ciel parisien.