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Et si on ne construisait pas l’aéroport ?
mercredi, 24 avril 2013 / Karine Le Loët /

Rédactrice en chef à « Terra eco ».

Le projet d’aéroport a été chiffré à 561 millions d’euros. Et combien coûterait l’amélioration de Nantes-Atlantique ? Est-il encore envisageable, financièrement, de se dédire ?

En 2010, c’est Vinci Airports qui décroche le pompon et hérite pour cinquante-cinq ans de la concession de Notre-Dame-des-Landes. Le projet est chiffré à 561 millions d’euros, tandis que le bénéfice pour la société civile – notamment le temps gagné par les passagers – avait été évalué à plus de 600 millions d’euros par l’enquête préalable à la déclaration publique d’intérêt.

En 2011, un contre-rapport met les pieds dans le plat. Mandaté par le Collectif d’élus doutant de la pertinence de l’aéroport, le cabinet CE Delft estime le coût réel de l’aéroport à plus de 700 millions. Pis, Notre-Dame-des-Landes coûterait cher à la société, en termes environnementaux notamment : 614 millions, une fois les bénéfices déduits. Quelle alternative ? L’amélioration de Nantes-Atlantique, avec un système radar pour optimiser le ballet des coucous, une aérogare agrandie, une liaison par train, voire une nouvelle piste. Et, cette fois, plus de terres agricoles détruites, une biodiversité et des ressources en eau préservées. Bénéfice net possible : 158 millions d’euros, estime CE Delft.

Une campagne de communication à 300 000 euros

Reste un souci : si l’Etat a déjà réglé 300 000 euros pour une grande campagne de communication, il a aussi déployé tout un dispositif policier pour déloger les manifestants opposés au projet. En décembre dernier, Le Télégramme chiffrait à plus d’1 million d’euros « les seuls frais (hébergement, restauration, transport, indemnités de déplacement et heures supplémentaires) des CRS affectés à la mission Notre-Dame-des-Landes ». Sans compter les frais des gendarmes, « qui représentent au moins la moitié des effectifs ». Enfin, s’il se dédit, l’Etat devra rembourser à Vinci les sommes investies et couvrir le manque à gagner, précise le contrat de concession (1). En clair, rembourser les sommes que les actionnaires entendaient toucher : 11 millions d’euros par an, selon le plan de financement, détaillé dans les annexes du contrat. Sur cinquante-cinq ans, l’ardoise s’élèverait donc à 605 millions d’euros. — 

(1) A consulter sur ici