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Notre-Dame-des-Landes : pour un nouveau débat public
mercredi, 24 avril 2013 / Walter Bouvais /

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Cinquante ans d’arguties, quelques noms d’oiseaux, cabanes et coups de matraques. Mais toujours pas de consensus. Au projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, les constructeurs d’avions et d’aéroports disent oui. Les agriculteurs délogés et les militants « zadistes » opposent leur non. Si l’on tente de se placer du point de vue de l’intérêt général, avec les yeux du développement durable, que nous dit le dossier ? Que des études ont effectivement été menées, depuis longtemps. Mais qu’elles l’ont été avant 2007, année du Grenelle de l’environnement et de l’émergence en France de la question centrale du dérèglement climatique (1). Que le projet comporte des lacunes et qu’il doit être sérieusement amendé : ce sont les conclusions de la commission du dialogue de Claude Chéreau.

Sur le plan technique, on peut s’interroger sur la saturation de l’aéroport actuel (2). Quant aux perspectives de développement du trafic, l’Association du transport aérien international souligne elle-même la fragilité financière des compagnies aériennes. Leurs dépenses en carburant représenteraient, en 2013, 31 % des recettes. « Il serait grand temps que quelqu’un là-bas, qui contrôle les prix, commence à s’occuper un peu plus sérieusement de la dévastation que cela provoque », tonnait déjà Tim Clark, le patron de la compagnie Emirates, de Dubaï, en 2012. Malheureusement, il n’y a personne « là-bas » et le Fonds monétaire international envisage le doublement du prix du pétrole d’ici à 2020. Sur la question environnementale, l’analyse de l’économiste Eloi Laurent (Lire ici) met les choses au point. Avec recul et « raison », il conclut à… l’impossibilité de conclure faute « d’éléments suffisants ». Et ce, tout en soulignant les contradictions d’un pays dont le ministère du Développement durable a pourtant fixé des règles très précises en matière de création d’infrastructures.

Issue simple et pacificatrice

A l’heure où la France s’engage dans la transition énergétique et redit son engagement à réduire ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050, il y a encore une issue simple et pacificatrice : le recours à des études indépendantes, comparant publiquement les options mises sur la table, en s’appuyant sur ce que propose la science économique moderne et non seulement la science économique productiviste. Notre-Dame-des-Landes campe en salle d’attente depuis cinquante ans. Nous ne sommes plus à cinq minutes près. —

(1) Les travaux sur le climat du Groupe intergouvernemental d’experts sur le changement climatique (Giec) ont acquis leur première grande visibilité en 2007, avec la publication de son quatrième rapport

(2) Lire l’analyse de Bruno Trévidic dans Les Echos du 26 novembre 2012