https://www.terraeco.net/spip.php?article48856
|
Crise des cochons : la Chine n’en est pas à son premier scandale alimentaire
mardi, 19 mars 2013
/ Karine Le Loët / Rédactrice en chef à « Terra eco ». |
Le 5 mars, les premiers cochons sont apparus dans la rivière Huangpu. On en dénombre aujourd’hui 15 000. Mais les Chinois ont mis du temps à s’affoler. Il faut dire que leur histoire récente est jalonnée de scandales sanitaires.
Mise à jour du jeudi 18 avril : 410 cadavres de porcs et 122 de chiens ont été découverts en début de semaine, à Yanshi, dans l’ouest de la Chine, selon Le Parisien. Les autorités estiment que cela n’a pas de lien avec la grippe aviaire H7N9 qui sévit en ce moment dans le pays. |
La rivière Huangpu en a porté 15 000. 15 000 carcasses de porc charriées devant les yeux blasés puis ébahis des habitants de Shanghai. Le gouvernement a tôt fait d’accuser les fermiers de la province de Zhejiang, riche de ses élevages, de s’être débarrassés de leurs bêtes mortes en les jetant dans la rivière. Mais les autorités régionales n’ont pour l’instant épinglé qu’un seul éleveur et jurent qu’elles ne sont pas seules responsables.
Même sur la cause initiale du décès des porcs, les consciences s’opposent. Certains accusent le froid qui a frappé durement la région. Une huile locale en charge des questions d’agriculture a ainsi expliqué à Caijing, un magazine chinois d’économie : « Les cochons résistent mal au froid. Et une augmentation du nombre de décès est normale. » Une explication qui satisfait mal les blogueurs comme le très populaire Xue Manzi : « Comment est-ce possible que dans un seul village plus de 10 000 cochons meurt de froid en janvier et 8 000 en février ? Et pourquoi seulement à Jiaxing ? Est-ce que les cochons de Jiaxing aiment attraper des rhumes ? » Pour d’autres c’est le circovirus, susceptible d’entraîner la maladie d’amaigrissement du porcelet (MAP), qui est responsable. Une maladie qui a sévi dans les élevages cet hiver mais qui ne peut être contractée par les humains, affirment les autorités.
D’ailleurs, au début, les habitants ne se sont pas affolés. Quand une douzaine de porcs morts ont été repérés flottant sur la rivière le 5 mars, seuls les journaux locaux ont rapporté la nouvelle. Il a fallu attendre le 10 mars et l’augmentation drastique du nombre des cadavres pour que la presse nationale en fasse écho. Car les Chinois sont un peu rompus à ce genre de scandale. Selon Bloomberg, en Chine, il y a bien pire que trouver des traces de porc dans l’eau du robinet. On peut très bien penser déguster du mouton à dîner et manger en fait du canard traité avec des produits chimiques toxiques comme ce fut le cas en février. Ou dévorer des raviolis frits avec de l’huile récupérée dans le caniveau ou enfin nourrir son enfant avec du lait en poudre coupé avec un additif qui endommage les reins comme ce fut le cas en 2008. Un scandale qui avait causé la mort de 6 bébés et en avait empoisonné 300 000. Si l’Europe semble faire depuis peu leur connaissance, la liste des scandales alimentaires en Chine n’en finit pas de s’allonger.
Rétablir la confiance des Chinois dans leur alimentation ? Pour les autorités, le défi est immense. Pour réguler les 200 millions de familles de fermiers et les 500 000 usines de transformation, au moins cinq institutions existent, souligne le quotidien irlandais Irish Times. La Chine a plus de 5 000 normes qui règlent la qualité de son alimentation et l’hygiène, toutes fixées par différents ministères. Le gouvernement a-t-il senti l’urgence ? La semaine passée, il annoncé la création d’un nouveau super ministère chargé de la régulation de l’alimentation et des médicaments.