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En direct de Terra eco
jeudi, 28 février 2013 / David Solon /

Président de l’association des Amis de Terra eco Ancien directeur de la rédaction de Terra eco

Les légumes ne sont pas tous calibrés et luisants ; les agriculteurs pas tous affables comme dans une pub. Et c’est tant mieux.

Je vis – nul n’est parfait – dans un dédale de vignes et de champs de culture. A 20 kilomètres de Nantes l’urbaine, au pays du raisin blanc, des rosettes de mâche et du poireau. A l’aube, quand les brumes gonflent en rives de Loire et que l’on aperçoit, l’un derrière l’autre, le lièvre et le renard, on se prend même à rêver qu’ici la nature décide encore d’elle-même. C’est sans compter sur les maîtres maraîchers alentour, capables de domestiquer jusqu’aux courbes d’une herbe folle.

Mon petit paradis niche au fond d’un hangar encadré par deux chiens de ferme. Je viens, de temps à autre, y remplir le cabas familial et me souvenir qu’ici carottes et tomates sont restées fidèles à Dada. Je viens aussi y admirer, le temps d’une ou deux répliques cinglantes, l’irréductible exploitante, avocate retranchée de l’agriculture raisonnée. « Ici, monsieur, assène-t-elle en boucle, faut pas pousser les légumes. Ils n’ont besoin de personne pour choisir leur vitesse. » En décrochant mon regard des yeux de madame l’agricultrice et en tournant les talons, je me souviens aussi que patates et salades ne poussent pas emballées sur le parking des supermarchés. —