« La montagne, ça vous gagne ! » Vous vous souvenez de ce slogan des années 1980 qui sentait bon la poudreuse, la combi rouge et la raclette en famille ? Trente ans plus tard, elle nous a tellement gagnés, la montagne, qu’on l’a complètement défoncée. Tout ça pour que 10 % des Français – dont 70 % vivent à moins de 200 km d’une station – s’adonnent au ski. Pour rendre ce sport familial, les stations ont totalement arasé leurs pistes, modelé le relief, cultivé la neige… Sur les pistes, c’est la fin des bosses, des couloirs difficiles, du relief naturellement sculpté par les siècles : place au grand boulevard. Ce pseudo-sport est, par ailleurs, hors de prix puisque le forfait journée flirte avec les 25 à 30 euros, sans compter la loc du matériel et les 7,50 euros de sandwich mou au fromage. Télésièges, œufs, téléskis sont des remorqueurs à feignasses et des investissements colossaux qui consomment, défigurent et polluent. Et comme cette activité dépend d’un petit accessoire météorologique nommé « neige », elle est condamnée à moyen terme, si l’on en juge par les prédictions des climatologues. Plutôt que de les croire, les patrons des stations esquivent et vont chercher la neige toujours plus haut, en développant le domaine skiable, en installant des télésièges sur les versants nord, en ajoutant des canons pour s’affranchir du ciel. Or, le canon à neige, c’est de l’eau détournée de son milieu et de l’énergie – 10 % du prix du forfait – qui fait enfler la facture. C’est de l’orgueil, aussi. —

Si vous détestez Bridget Kyoto (ou si vous l’aimez), dites-le-lui ici au bas de cet article.