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Un nouveau chapitre dans l’histoire du livre
jeudi, 28 mai 2009
/ Stéphanie Senet
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Acheter un roman reste encore un luxe dans les pays du Sud. Une solution : partager les coûts de publication et de diffusion. Des dizaines de maisons d’édition viennent de sauter le pas.
Le petit dernier s’appelle De l’autre côté du regard. Inutile de le chercher dans les rayons d’une librairie française puisqu’il est destiné au public africain, en tout cas sous la forme qu’exhibent fièrement Laurence Hugues et Etienne Galliand. Cet ouvrage, présenté au Salon du livre africain de Genève (Suisse), en avril dernier, est le bébé de l’Alliance internationale des éditeurs indépendants (AIEI). Un gamin aux parents multiples puisqu’il est le résultat d’une « coédition solidaire ».
« Le principe est très simple, explique Etienne Galliand, directeur de l’Alliance. Plusieurs éditeurs travaillent ensemble et partagent les coûts, ce qui permet de proposer au lecteur africain un livre environ trois fois moins cher que d’ordinaire. » De l’autre côté du regard, de la Sénégalaise Ken Bugul, a bénéficié de ce système et est désormais disponible dans cinq pays africains. Jusque-là, ce dialogue intime entre une fille et sa mère défunte était réservé au public francophone fortuné. Seuls quelques exemplaires, au prix « européen » de 9 euros, prenaient la poussière dans les librairies africaines où le hasard d’un transport par container l’avait porté depuis son édition, en 2006, chez le Serpent à plumes. En le rééditant de façon solidaire, l’AIEI lui redonne vie. Diffusé à 2 400 exemplaires en Afrique au prix d’environ 3 euros, il est devenu accessible à un étudiant de fac.
La coédition s’est mise en place avec cinq intervenants d’Algérie, du Bénin, du Cameroun, de Côte- d’Ivoire et du Sénégal. Ils ont partagé les coûts et le travail éditorial, demandé une préface à l’écrivain congolais Alain Mabanckou – prix Renaudot 2006 pour Mémoires de porc-épic –, modifié la photo de couverture et se sont réjouis de pouvoir diffuser un texte encore inconnu de tous.
« Cet accaparement est le fait des deux plus grands éditeurs français, Hachette et Editis, qui remportent la plupart des appels d’offres internationaux de livres en Afrique francophone », précise Isabelle Bourgueil, directrice de programmation du Salon du livre africain de Genève. « Notre réseau, auquel participe 45 pays, se consolide autour d’une certaine idée de l’édition, fondée sur d’autres valeurs que le profit économique », confirme Gilles Colleu, des éditions Vents d’ailleurs en France.
(1) Le principal bailleur de l’AIEI est la Fondation Charles Léopold Meyer. A ceci s’ajoutent des financements ponctuels de l’Organisation internationale de la francophonie, des fondations Ford et Prince Claus, de la région Ile-de-France, de donateurs privés.
Europe 23,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2006 ; 475 000 nouveaux titres publiés en 2006. (chiffres de la Fédération des éditeurs européens)
Asie 5,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires au Japon ; 2,1 milliards en Corée ; 831 millions en Inde. (estimations pour 2008 de l’Union internationale des éditeurs)
Afrique 292 millions d’euros de chiffre d’affaires en Afrique du Sud ; 183 millions d’euros en Egypte ; 80 millions d’euros au Nigeria ; 3,8 millions d’euros au Kenya (estimations pour 2008 de l’Union internationale des éditeurs)
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