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Pour lever l’ancre, levez le pouce !
jeudi, 31 janvier 2013 / Noémie Fossey-Sergent

Le bateau-stop, c’est simple : aspirants mousses et skippers font affaire via des sites spécialisés, économisent de l’argent et renouent avec la lenteur.

Vous en avez assez d’être coincé au beau milieu d’un bouchon sur l’autoroute ? Vous n’en pouvez plus des voisins qui prennent toute la place avec leur planche de surf dans le train ? Essayez le bateau-stop ! En mars 2012, Robin Stallegger, 26 ans, a des envies de voyage mais peu d’argent. « Je n’avais pas de destination précise en tête. Des copains m’ont parlé de la Bourse aux équipiers… » Ce site Internet met en relation propriétaires de voiliers et volontaires pour l’embarquement. Pas besoin d’être un pro de la voile pour être recruté. Robin, novice, postule à une annonce pour un départ en mai vers l’Italie. Il rencontre Willy David, propriétaire d’un voilier, qui a recours au site depuis cinq ans. Entre eux, le courant passe. Un test sur l’eau plus tard et l’affaire est conclue. Robin et Willy lèvent l’ancre au Grau-du-Roi (Gard) et mettent le cap sur la Corse, puis sur la Sicile et la Sardaigne, sur un multicoque de 13,5 mètres. « En bateau, on n’est pas téléportés d’un point à un autre comme en avion. On prend le temps du voyage », poursuit le jeune homme.

Rejoindre les Caraïbes

Un sentiment partagé par Guillaume Charroin, bateau-stoppeur chevronné, et coauteur d’un guide qui se penche sur cette pratique (1). « Cela permet de renouer avec la lenteur », assure-t-il. En 2008, avec son ami Nans, il a traversé l’Atlantique en trois semaines pour rejoindre les Caraïbes. « Pour trouver un bateau, comme on n’avait aucune expérience, on a listé tous nos points forts : sens de la sécurité, capacité d’analyse de situation, maîtrise des nœuds marins… Et pour se distinguer, on a fait un CV vidéo. » Bingo ! Un couple de skippers sud-africains qui avait reçu plus de 200 demandes les sélectionne. Pour participer aux frais de nourriture, le capitaine leur réclame seulement 5 euros par jour dans la caisse de bord. Robin, lui, n’a rien payé. En contrepartie, il cuisinait chaque jour.

Etoiles et pêche au thon

A bord, l’équipier doit mettre la main à la pâte. Il participe aux manœuvres et aux tâches ménagères. Mais le jeu en vaut la chandelle : la nuit, Guillaume profite de ses quarts pour étudier les étoiles, s’initie à la pêche au thon, s’émerveille devant les couchers de soleil ou les poissons volants. Willy David, lui, embarque des bateaux-stoppeurs pour « la rencontre, le contact humain ». « J’ai envie de faire découvrir ce que m’apporte la mer. D’un point de vue logistique, c’est aussi plus simple : je dépense moins d’énergie », précise-t-il. Economique, le bateau-stop est également un bon élève écolo. Le voilier, par définition, avance avec le vent. Et quand il ne vient pas ? Willy David l’attend : « Moins je mets le moteur, mieux je me porte, confie-t-il en souriant. Quand on n’a pas d’impératif de temps, on peut prendre cinq à six semaines au lieu de dix jours ! » —

(1) « La bible du grand voyageur », coécrit avec Anick-Marie Bouchard et Nans Thomassey (Lonely Planet, 2012).


Impact du projet

100 à 150 euros la traversée de l’Atlantique

Plus de 250 offres sont actuellement à pourvoir sur le Web

- Le site de la Bourse aux équipiers
- Le site de Bateau stop