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Neige : faut-il arrêter de saler les routes ?
vendredi, 25 janvier 2013
/ Vincent Varron
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Grâce au salage des routes, plus besoin de chausser ses skis pour aller à l’école ou au travail. Mais le sel a un impact important sur la biodiversité.
Il est loin le temps où les routes étaient parcourues par des cantonniers avec des brouettes de sel et des pelles. Aujourd’hui, place aux « camions saleuses ». Le week-end dernier, dans le sud de la capitale, à 4h30, les employés des services municipaux de la ville de Sceaux (Hauts-de-Seine) avaient tous le bonnet vissé sur les oreilles. En deux jours, ils ont écoulé une quinzaine de tonnes de sel de déneigement, un mélange composé entre 90% et 99% de chlorure de sodium (NaCl). Le but ? Abaisser le point de congélation de l’eau grâce à l’action des composés chimiques du sel pour éviter le verglas. On estime qu’entre 200 000 et 2 millions de tonnes de sel sont ainsi épandues sur nos routes chaque année. Cette quantité a crû au cours des quarante dernières années, avec l’élargissement du réseau routier : la France compte aujourd’hui un million de kilomètres de route.
Du coup, en France, certaines municipalités – peu nombreuses – ont décidé d’appliquer le principe de précaution en écartant ou en pondérant l’usage du sel, comme à Corrençon-en-Vercors (Isère). « Ici, depuis les années 1990, on ne pratique plus que le déneigement et on utilise des pneus neige. On a préféré abandonner le salage pour préserver les nappes phréatiques. Cela nous avait été fortement conseillé par la direction du Parc naturel régional du Vercors », se souvient Valérie Lossouarn, secrétaire de la mairie. La ville de Sceaux préfère quant à elle mélanger le sel de route avec du sable, avec un ratio de deux tiers/un tiers.
En France, on est encore loin de ça : aucune réglementation ne traite spécifiquement du cas des fondants routiers ! Et certaines règles de salage ont longtemps été ignorées. « Le sel n’est efficace que lorsque la couche de neige est inférieure à un centimètre », rappelait l’association écologiste France nature environnement dans un communiqué. Au-delà, il faut faire appel aux déneigeuses pour évacuer la neige en raclant la chaussée avec une lame portée par un engin. Mais l’art de saler aurait tout de même progressé. « Ces dernières années, avec la recrudescence des hivers froids, il a fallu sensibiliser nos opérateurs, leur dispenser un savoir-faire, précise Didier Giloppé. Nous travaillons au maximum sur la prévention pour éviter la formation du verglas. Du coup, on utilise de moins en moins de sel en France : 5 ou 10g de sel par m2 en moyenne contre 40 il y a quelques années. » Ces progrès sont aussi dus à des véhicules d’intervention désormais équipés de système GPS pour faciliter l’organisation des circuits de déneigement, ou de stations météo routières locales pour anticiper les actions. Mais la dispersion des fondants routiers dans le milieu naturel lors des différentes étapes de la chaîne d’utilisation du sel est estimée jusqu’à 70 000 tonnes par an, selon la note d’information du Sétra.
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