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Après Sandy, les New-Yorkais reprennent leur ville en main
vendredi, 11 janvier 2013
/ Iris Deroeux / Journaliste à New York. |
En octobre 2012, l’ouragan Sandy fit des ravages, notamment à New York. Depuis, face à l’insuffisance de l’aide étatique, des citoyens se démènent pour redonner vie à des quartiers mal en point.
Au cœur de Manhattan, la vie a repris son cours. L’ouragan Sandy est un lointain souvenir, celui d’une violente tempête survenue le 30 octobre suivie d’une coupure de courant qui plongea dans le noir le sud de l’île new-yorkaise pendant près d’une semaine. Mais New York est loin d’être remise sur pieds. A Staten Island, Coney Island, Red Hook et dans les Rockaways, on croise des maisons écroulées, aux fondations ébranlées, d’autres brûlées, des rez-de-chaussée couverts de boues ou gorgés d’humidité, des magasins barrés de planches de bois et condamnés faute de financement, d’autres en plein chantier… Les coupures de courant persistent car le système électrique est encore endommagé. En tout, les dégâts causés par Sandy aux Etats-Unis sont estimés à 82 milliards de dollars (63 milliards d’euros) et le retour à la normale n’est pas pour demain. Début janvier, le Congrès en était toujours à débattre du montant de l’aide à débloquer pour les sinistrés…
Pour reconstruire, mieux vaut donc compter sur la solidarité des âmes et les bonnes idées des habitants. La preuve dans la péninsule des Rockaways, lieu de baignade où se pressent les New-Yorkais dès l’arrivée des beaux jours. Ici, Sandy s’est attaquée à la promenade du bord de mer dont il ne reste, à certains endroits, que les fondations en béton armé. Le paysage a des airs de lendemain de guerre... Dès le premier jour après l’ouragan, la communauté locale – un curieux mélange d’ouvriers, de fonctionnaires, d’Afro-américains parqués dans d’immenses HLM, de Juifs orthodoxes, de quelques surfeurs et artistes – a reçu le renfort des militants du mouvement Occupy, rebaptisé pour l’occasion Occupy Sandy. Plus de deux mois après, ils sont encore présents, se sont inventés un rôle de militants associatifs de quartier.
Sandy a aussi redonné le goût de l’action à des habitants du coin. A quelques pas de là, en face d’un magasin de tacos bios symbolisant la lente « boboïsation » des lieux, une jolie bâtisse abandonnée abrite désormais un centre communautaire. C’est la dernière idée en date de surfeurs locaux regroupés au sein de l’association SmallWater, un groupe créé au lendemain de l’ouragan pour servir – entre autres – des repas sains et chauds aux victimes de la catastrophe. « Nous proposons des cours pour soulager le stress, des activités pour les enfants et on veut lancer des ateliers cuisine », lance la gérante du lieu, Vivan Thi Tang, entre deux dialogues, l’un pour orienter des bénévoles chargés de meubles pour les habitants, l’autre pour répondre à des femmes du quartier parties en quête de l’atelier anti-stress.
Reste pour ces quartiers à retrouver un tant soit peu d’activité économique. Là encore, l’entraide donne un semblant d’espoir. Red Hook, au sud de Brooklyn, se distingue par ses boutiques de produits artisanaux, ses restaurants bios et ses habitant à vélo (aucun métro ne s’y rend directement !). Sandy les a heurtés de plein fouet. « Quatre jours après l’ouragan, nous lancions une levée de fonds pour les petits commerces de Red Hook. Nous n’avions pas le choix ! Depuis, on a réussi à accorder 4 000 dollars (3 000 euros) à 50 petits entrepreneurs. C’est un coup de pouce, mais il est vital », commente Monica Byrne, l’une des fondatrices de cette initiative nommée Restore Red hook. A ses côtés, Rovika Rajkishun, habitante du quartier très impliquée dans l’opération, précise, songeuse : « Mais pour entamer une vraie réflexion sur le changement climatique et sur nos modes de vie, nous avons besoin du gouvernement. » Il est pour l’instant aux abonnés absents.