https://www.terraeco.net/spip.php?article47059
Faut-il augmenter ou baisser les prix des transports en commun ?
jeudi, 22 novembre 2012 / Thibaut Schepman /

Non, nous n’avons pas à « sauver la planète ». Elle s’en sort très bien toute seule. C’est nous qui avons besoin d’elle pour nous en sortir.

Les deux théories s’affrontent en ce moment. « Terra eco » vous présente les arguments... et vous laisse juge !

Plus de 80% des déplacements motorisés des Français se font encore en voiture, 11% en train et 6% en bus et en cars. Près de 41% des Français disent ne jamais prendre les transports en commun, et nos villes s’étendent toujours plus. Nos déplacements doivent radicalement changer – pour des raisons environnementales – et vont de toutes façons changer – à cause de la hausse des prix à la pompe. Seule question : qui doit payer pour ça ? Pour certains, ce sont les consommateurs, pour les autres surtout pas.

Il faut payer plus parce que :

L’Institut Montaigne a publié ce lundi un rapport dans lequel il s’inquiète d’une « augmentation critique de la demande de transport en commun ». Il cite notamment le cas de l’Ile-de-France où « la saturation des transports ferroviaires a augmenté rapidement en raison d’une demande qui croît plus vite que l’offre (25% contre 7% entre 2000 et 2010) ». La SNCF prévoit de son côté une augmentation de 60% des voyages de 2010 à 2030.

Le rapport de l’Institut Montaigne calcule qu’ « il manque actuellement environ 1,5 milliard d’euros de financement par an à la SNCF et RFF [Réseau ferré de France, ndlr] pour fonctionner » et que les transports ferroviaires et les transports en commun « ont contribué à creuser le déficit public de respectivement 11 et 5 milliards d’euros en 2010 ».

Laurence Parisot, présidente du Medef, l’a souvent dénoncé : les montants payés par les entreprises –à travers le « versement transport »– n’ont cessé d’augmenter ces dernières années. Ce que confirme ce graphique tiré du rapport annuel du Groupement des autorités responsables de transport :

Un Etat déjà endetté, des entreprises qui ont beaucoup mis la main à la poche... C’est donc à l’usager de sortir le carnet de chèques, avance l’Institut Montaigne, qui rappelle que celui-ci paye moins de 30% du coût réel des transports public en achetant son billet. Ce que confirme le schéma ci-dessous :

A Amsterdam, cette part atteint 40% et même 52% à Londres.

Le sociologue Bruno Marzloff s’est penché sur les dangers des transports gratuits. Il s’inquiète sur Rue89.com : « Dans le cas d’une gratuité complète pour l’usager, l’encouragement aux pratiques des transports publics se fait alors au détriment de la marche et du vélo. »

Il faut payer moins ou beaucoup moins parce que :

Entre 2002 et 2009, les financements publics ont augmenté de 68% pour les Trains express régionaux (TER). Si bien qu’aujourd’hui, les recettes tarifaires ne couvrent que 17% du coût total des TER. Le jeu en vaut la chandelle : dans le même temps, l’utilisation de ces trains a augmenté de 42%. A Aubagne, ce raisonnement a été poussé au maximum : les transports en commun ont été rendus totalement gratuits,. La municipalité n’a pas fait faillite, tout le monde y a trouvé son compte et la fréquentation a bondi de 170% en trois ans !

Si l’on augmente le prix des billets, de plus en plus d’usagers risquent de frauder. Une étude menée sur les TER en région PACA en mars dernier a montré que le prix trop élevé des billets est le premier motif de fraude, devant la rareté des contrôles. Certes les usagers ne règlent que 17% du coût d’un trajet en TER, mais la moitié d’entre eux trouvent déjà le prix du billet excessif. Les faire payer plus cher risque de les encourager à frauder.

Si une voiture émet en moyenne 300 grammes de CO2 au kilomètre, le bus ne dégage lui que 70 grammes, le métro 23 grammes et le tram, 17 grammes. En améliorant la qualité de l’air, les transports en commun préservent la santé des habitants des villes. L’argent investi par la collectivité dans les transports en commun leur fait donc gagner beaucoup. Aubagne, où les transports sont donc gratuits, a récolté de nombreux bénéfices de son expérience comme le rappelle le philosophe et dramaturge Jean-Louis Sagot-Duvauroux qui s’est penché sur l’expérience. La gratuité permet de rompre avec les hiérarchies sociales et met tout le monde sur un pied d’égalité. Les conducteurs ne sont plus obligés de fliquer ceux qui montent sans poinçonner, et peuvent se concentrer sur leur métier : conduire et accueillir les passagers. Et aucun bus n’a été vandalisé.


Et vous, qu’en pensez-vous ? Quelle est la situation dans votre ville ? Donnez-nous votre avis au bas de cet article.


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