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Lettre à Mathilde
lundi, 26 novembre 2012

Tu vois. Réunion de rédaction. L’ennemi est dans la place. Et il est de chez nous ! T. l’avoue sans ciller : le bio, il n’y frotte pas son chariot. Parce qu’il vient de loin, parfois. Parce qu’il est cher, souvent. Parce qu’il n’est pas franc de l’étiquette. Fermez le ban. C’est qu’il est buté, T. Les contre-arguments fusent, tiennent ou vacillent. Montent, neiges dans un océan de matière grise, en idées, sujets, dossier. On tient la prochaine une : « Faut-il avoir confiance dans le bio ? »

Même scène. Autre jour. Nouveaux casse-têtes. La douche est-elle un passage quotidien obligé ? Peut-on la zapper – pour la planète, la peau – sans empester ? Ou fumer de la vapeur d’eau sans danger ? Manger du foie gras ? Vivre sans le sou à Neuilly ou argenté à Roubaix ? Les questions agitent nos ventres de journalistes. De citoyens. De pères. De rejetons. Mais les réponses, Mathilde, glissent souvent, vilaines anguilles entre nos doigts malhabiles.

Autre scène. Autre jour. Deux hommes devant un drapeau rouge-bleu à étoiles. Et en fond d’écran, des femmes qui s’unissent, des Latinos qui pèsent, pèsent… L’un reste – tout juste – dans le bateau. L’autre tombe à l’eau. A-t-il cessé de comprendre le monde ? Et nous donc ? Questions, questions, questions. L’important, comme ne disait pas l’autre, c’est de s’interroger. Renifler sous le tapis des phrases, gratter le papier et chercher les bons mots. Alors on le fait, sans toujours y parvenir. Pour prouver à T. qu’il a fichtrement tort ou bougrement raison (réponse ici). Pour tirer un petit bout de sens. Et un brin s’apaiser, tu vois. —