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Gaz de schiste : « La loi actuelle ne nous protège pas »
mercredi, 14 novembre 2012
/ Danièle Favari / Danièle Favari est juriste en droit de l’environnement |
François Hollande a déclaré ce mardi qu’il prendrait ses responsabilités si des alternatives à la fracturation hydraulique émergeaient. Pour Danièle Favari, juriste en droit de l’environnement, celles-ci existent déjà et il faut donc légiférer.
François Hollande avait déclaré, lors de la conférence environnementale du 14 septembre dernier, « qu’en l’état actuel de nos connaissances, personne, je dis bien personne, ne peut affirmer que l’exploitation des gaz et huile de schiste par fracturation hydraulique, seule technique aujourd’hui connue, est exempte de risques lourds pour la santé et pour l’environnement. »
Lors de sa conférence de presse, ce 13 novembre, le Président, interrogé sur sa confiance dans le nucléaire, en a profité pour ouvrir « la question qui ne m’est pas posée des gaz de schiste ». La salle a ri.
Sur une question insistante du journaliste politique Thomas Legrand, il a ajouté « par ailleurs, la recherche continue, sur d’autres techniques que celle de la fracturation hydraulique. Pour l’instant, cette recherche n’a pas abouti, je ne peux pas l’interdire, elle n’est pas interdite pas la loi ». « (...) Je laisse les entreprises et les chercheurs y travailler et je prendrai mes responsabilités le moment venu », a-t-il poursuivi.
A mon sens, la problématique des gaz de schiste doit se poser en termes de « migration irréversible du méthane ». En effet, la fracturation, créée artificiellement avant l’extraction par la nécessité de libérer le méthane piégé dans la roche-mère, occasionne un processus irréversible d’écoulement du gaz dans les failles naturelles ou créées. Cette migration va se poursuivre pendant des décennies, voire davantage, en une opération où aucune solution technique ne sera disponible pour remettre le schiste dans son état d’imperméabilité originelle. Aucun organisme ne peut alors en prévoir les conséquences. Les arguments des foreurs qui imputent donc les risques de pollution des nappes phréatiques à une défectuosité du tubage sont irrecevables au vu de la tendance naturelle à la dispersion de ce composé volatil, même après la fermeture des puits.
Les alternatives à la fracturation hydraulique existent, certaines d’entre elles semblent au point, et sont tout aussi dangereuses. La loi actuelle ne nous protège donc pas, et c’est l’interdiction pure et simple de l’exploitation du gaz de schiste en France qu’il faut décider maintenant dans la perspective de la transition énergétique souhaitée par le gouvernement. Le moment est venu.