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Double mixte
lundi, 29 octobre 2012 / Anne de Malleray

Rengaine, de Rachid Djaïdani en salles le 14 novembre.

Sabrina. Arabe, musulmane. Dorcy. Noir, chrétien. Le terrain est miné. Les deux héros vont, c’est évident, avoir du mal à s’aimer en paix. Rengaine aurait pu être un film à l’eau de rose, mais c’est un uppercut, envoyé par Rachid Djaïdani, jeune réalisateur et ancien champion de boxe d’Ile-de-France. Vif, drôle, surprenant, le film aborde frontalement la question du communautarisme et du racisme en moquant les clichés et les formules politiquement correctes, du type « minorités visibles ». Conte qui ne s’embarrasse pas d’une trame narrative raccord, Rengaine progresse par ellipses, au fil de discussions, de débats et d’embrouilles au pied des immeubles des quartiers populaires de Paris.

L’histoire est simple. Sabrina, musicienne, aime Dorcy, aspirant comédien, qui répète Cinna, de Corneille, et court les castings foireux. Dorcy demande sa belle en mariage. Elle accepte. Mais quarante frangins veillent au grain sous la tutelle de Slimane, le grand frère, garant des traditions. Lorsqu’il apprend que sa petite sœur s’apprête à épouser un Noir, Slimane commence une tournée familiale pour tenter de lui faire entendre raison. Coutumes et modernité s’affrontent, parfois durement. Impossible pour une Arabe d’épouser « un négro », ça ferait des gosses « pires que des dragons », entend-on. Idem dans la partie adverse, où la mère de Dorcy crie à son fils qu’elle veut des petits-enfants noirs. Pourtant, on rit beaucoup devant des joutes verbales où fusent les bons mots. Réalisé en neuf ans, autoproduit, Rengaine est une œuvre radicale, « tournée avec de vrais lascars », précise le réalisateur, qui ne cherche pas la séduction mais l’authenticité du propos. 200 heures de rush pour 1 h 15 de film. Un coup de maître. —


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