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Aide alimentaire européenne : qui touche combien ?
mardi, 16 octobre 2012 / Karine Le Loët /

Rédactrice en chef à « Terra eco ».

L’Europe ne remplira plus les assiettes des pauvres à travers son programme d’aide alimentaire. Critiqué, celui-là devrait être dissous en 2014. Qui souffrira le plus de sa disparition ?

Le Programme européen d’aide aux plus démunis (PEAD) est condamné. Dès 2014, il devrait tout bonnement disparaître et laisser les banques alimentaires des Etats membres aux prises avec des budgets à trous.

Créé en 1987 à l’initiative de Jacques Delors, le PEAD permet d’orienter les surplus de la PAC vers l’assiette des plus démunis. Problème aujourd’hui, des excédents agricoles, l’UE n’en produit plus beaucoup. Du coup, les Etats membres ont dû régler directement, sur le budget de la PAC, l’achat de repas pour les plus pauvres. Un changement de cap qui n’est pas du goût de certains pays. Ceux-là ont choisi de ne pas profiter du programme ou d’y goûter du bout des lèvres – Allemagne, Royaume-Uni, Pays-Bas, République tchèque, Danemark, Suède et Autriche. Aussi réclament-t-il l’enterrement du PEAD. Un sursis fut bien accordé en 2011 mais le programme devra bel et bien disparaître en 2014. Et l’aide alimentaire s’en verra sans doute diminuée.

Mais qui souffrira le plus de l’évanouissement de cette manne ? Cette année, le PEAD et ses 500 millions d’euros devrait profiter à environ 18 à 19 millions d’Européens répartis dans 20 pays de l’UE. Mais tous les Etats ne touchent pas la même chose. Le montant de l’aide est en effet calculé selon « le taux de risque de pauvreté » soit la proportion de la population dont le revenu est inférieur à 60% du « revenu équivalent médian » national. Parmi les plus gros bénéficiaires – et donc les pays qui seront le plus lésé par une disparition du PEAD : la France, la Pologne et l’Italie.

Découvrez qui sont les plus gros (et les moins gros) bénéficiaires de la PEAD (en millions d’euros) :

Les pauvres devront-ils se serrer la ceinture ? Là encore, tout dépend des pays. Car l’aide européenne n’est pas tout dans les escarcelles des associations. En 2009, la Cour des comptes européenne a réalisé un audit de l’impact du PEAD en France, en Italie, en Pologne et en Espagne - qui représentaient à eux quatre 72% des crédits annuels. Et voilà ce qu’elle relève :

Espagne : En 2006, 54% des denrées distribuées par les associations désignées provenaient du programme de l’UE et le reste d’autres sources (industrie alimentaire, grossistes, marchés, actions de collecte, etc.).

France : Un programme national complète celui de l’UE. Selon les estimations, le programme national représente quelque 6% et celui de l’UE 30% des quantités totales distribuées par les associations.

Italie : « Aucune donnée n’est disponible sur la situation au niveau national », souligne la Cour des Comptes. « Pour deux organisations auditées, le programme de l’UE fournit près de 100% des quantités distribuées. Pour une autre organisation, la participation de l’UE atteint 60% environ. »

Pologne : Le programme couvre environ 60% à 70% des denrées alimentaires distribuées par les deux organisations auditées.