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Wattoo Wattoo, Barbapapa... écolos première génération
lundi, 27 avril 2009 / Arnaud Gonzague

Si vous tombez sur une vieille cassette de cartoons des années 1970, vous ne prendrez pas de coup de vieux. Car les héros de l’époque se battaient déjà contre les marées noires et la disparition des animaux.

« Je suis le premier écologiste français ! Bien avant Brice Lalonde ! » En 1972, Hubert Ballay n’a pas rédigé Les Limites de la croissance, le premier rapport international questionnant le mode de vie occidental. Il a griffonné sur un coin de table une hirondelle ovoïde avec une longue queue de comète. « Wattoo Wattoo, c’est l’oiseau qui voit tout ! » Et notamment toutes les sottises que les Zwas, des palmipèdes très humains, commettent sur Terre : balancer leurs ordures dans les forêts, mazouter les côtes, mener une vie gavée d’embouteillages et de malbouffe… « Je voulais faire un dessin animé militant pour choquer un pays qui ne bougeait pas assez », martèle le créateur.

En 1978, son rêve se concrétise : le piaf devient une série pour Antenne 2, réalisée par René Borg et diffusée jusqu’au milieu des années 1980… époque où l’écologie apparaît sur l’échiquier politique. « La série a connu un succès monstre, mais elle nous a coûté si cher que nous n’avons pas gagné un sou ! », sourit celui qui, aujourd’hui octogénaire, se dit largement récompensé par les e-mails des ex-télespectateurs de Récré A2. « De jeunes pères de famille disent éduquer leurs enfants grâce à mon personnage. C’est génial ! »

Les bébés acidulés de Greenpeace

Quitte à contrarier Hubert Ballay, la rigueur historique nous enjoint de préciser qu’un personnage 100 % écolo a précédé son volatile : Barbapapa, qui est né dans un livre en 1970, puis s’est animé en 1973. Barbapapa, son épouse et ses sept barbabébés sont clairement des amis de la nature. Dès le premier épisode, l’informe paternel est encagé dans un zoo, expérience traumatisante qui lui donnera plus tard l’idée de ramener des animaux en Afrique. A la plage, on le voit nettoyer les dégâts d’une épouvantable marée noire et quand on propose à la famille Barbapapa de loger dans un appartement « moderne » au cœur d’une HLM, le papa dit « Alahup ! Barbatruc ! » et installe ses mômes sur une plaine bucolique qu’ils protégeront ensuite des bulldozers… Bref, les Barbapapas, créés par Annette Tison et Talus Taylor, sont une famille de militants de Greenpeace en tenue acidulée.

Greenpeace, justement, et ses campagnes spectaculaires contre le massacre des bébés phoques ont directement inspiré une série restée culte : Bibifoc. Le mignon mammifère (et cucul, il faut bien le dire), vedette de la Deux de 1985 au début des années 1990, est la proie de chasseurs armés de gourdins – tels qu’on les voyait à la télé à cette époque. L’idée de cette série d’actualité a germé dans la tête de pubeux parisiens, dont Eric Turlot : « “ Bibifoc ” était totalement à contre-courant des dessins animés violents de l’époque. Derrière le gentil cartoon, nous voulions faire passer l’idée qu’il fallait se grouper pour agir. A l’origine, Bibifoc devait même finir à la tribune de l’ONU pour réclamer des lois de protection de la nature ! »

Des bastons en carton-pâte

Plus marrant que Bibifoc, il faut mentionner Spectreman. Ce tokusatsu – ces séries nipponnes avec bastons en carton-pâte, type Bioman – est l’un des premiers à avoir été diffusé sur les écrans français. Cela remonte à 1982. Ce robot doré avec ceinture à boucle doit sauver le genre humain de la menace de l’affreux Docteur Gori. Ce méchant utilise en effet la pollution des hommes pour donner naissance à des monstres. Heureusement, Spectreman est là et, comme le bêle le générique, « sans peur, il traque / la pollution qui attaque ». Si elle porte un message vraiment novateur (Spectreman a été créé en 1971), cette série est tellement mièvre qu’elle ferait passer les séries d’AB Productions pour du Cecil B. de Mille !

Impossible d’achever cette exploration cathodique sans mentionner le cartoon franco-canadien SOS Polluards, diffusé sur la Deux à partir de 1990, et mettant en scène des affreux jojos qui, depuis leur cargo, pourrissent une île paradisiaque. Heureusement, celle-ci est peuplée de lutins à bouclettes, les Touftoufs (on ne s’esclaffe pas…) qui savent se défendre. « Nous n’avions pas de message politique à faire passer, sinon que les comportements égoïstes provoquent des catastrophes, se souvient Colin Thibert, coscénariste. Mais nous avions quand même une longueur d’avance sur un point : dans un épisode, les pollueurs rejettent une algue qui envahit l’archipel. En Méditerranée, la réalité a rejoint la fiction. » Comme souvent quand il s’agit de catastrophes écolos. 

- Le site officiel de Bibifoc

- Le site officiel de Wattoo Wattoo

- Le site officiel de Barbapapa


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