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Tire la chasse, on a besoin de courant !
mercredi, 26 septembre 2012 / Emmanuelle Vibert

Transformer nos eaux usées en énergie, grâce à des microalgues : voilà l’ambition de la start-up française Ennesys.

Vous soupçonniez, vous, qu’au fond de vos toilettes se cachait l’or noir de demain ? Pourtant c’est peut-être le cas. La start-up française Ennesys considère nos eaux usées comme une riche matière première. Elle offre nos déchets organiques en pâture à du phytoplancton, qui une fois rassasié, s’avère très riche en huile. Et ce biopétrole, en circulant dans un moteur à combustion ou une chaudière, se transforme en énergie thermique ou électrique. Cela n’est pas de la science-fiction mais un business, démarré en septembre 2010 par Pierre Tauzinat.

Une exclusivité mondiale

« Nous avons comme actionnaire OriginOil, précise l’entrepreneur, un des leaders internationaux dans la production de biopétrole algal. Il nous a cédé l’exclusivité mondiale de cette technologie protégée par 23 brevets. Nous sommes en train de faire une levée de fonds de 5 millions d’euros. Nous avons une quinzaine de commandes potentielles pour un total 45 millions d’euros. » Les futurs clients d’Ennesys – parmi lesquels des immeubles de bureaux et un bailleur social – devraient se montrer définitivement convaincus par la démo installée en septembre 2012 à Nanterre. Le toit d’un bâtiment de 2 300 m2, dans le quartier de la Grande Arche, vient de s’y couvrir de tuyaux de couleurs vertes. Les microalgues y font leur travail de photosynthèse, en captant le CO2 de l’air.

Rien ne se perd

Comme des panneaux photovoltaïques, ce système s’installe sur les toits ou les façades, « mais il est plus performant », assure Pierre Tauzinat. Alors qu’on ne peut stocker l’électricité produite grâce au soleil, l’huile végétale se conserve sans problème et peut être consommée quand on en a besoin. Autre avantage : ces petites plantes vertes font le travail d’une station d’épuration. Et rien ne se perd : l’enveloppe résiduelle des algues se transforme elle aussi en énergie par combustion ou méthanisation et l’hydrogène rejeté pendant l’opération alimente une pile à combustible. « Notre système est aussi moins cher que le photovoltaïque, explique le dirigeant d’Ennesys, à condition que la surface sur laquelle on s’appuie soit grande. Pour l’instant, notre installation est rentable dès 4 000 m2. » Vous rêviez d’en équiper votre maison pour la rendre autonome ? Il faudra patienter une dizaine d’années pour que la technologie soit prête à s’adapter à un pavillon individuel. Mais si vous avez un projet d’habitat coopératif important, c’est d’ores et déjà jouable. Pensez-y, la prochaine fois que vous tirez la chasse. —

Impact du projet

Immeubles de bureaux, bailleur social…

45 millions d’euros de commandes à venir

Une nouvelle énergie renouvelable