En attendant « Gasland 2 », Josh Fox signe un court documentaire réfutant les arguments du lobby gazier et comparant leurs méthodes à celles des cigarettiers des années 1960, documents inédits à l’appui.

A travers son court documentaire The Sky is pink, diffusé en juin mais peu médiatisé en France, Josh Fox, l’auteur du très médiatique Gasland revient sur les accusations portées contre lui au sortir de son film-révélation. Son lynchage médiatique, il le doit à cette image de Mike Malcolm « allumant » son robinet qui a fait le tour de la toile :

Do_Not_Drink_This_Water par Terraeconomica

Il y a bel et bien des fuites consécutives à l’exploitation du gaz de schiste, concluait Fox. Un argument réfuté à l’époque par l’industrie Le gaz inflammé dans la vidéo était du méthane d’origine biogénique alors que l’exploitation industrielle visée concernait du méthane d’origine thermogénique, avaient rétorqué les lobbys. Oui, sauf que c’est bien la fracturation hydraulique qui peut conduire d’autres gaz à s’échapper. Josh Fox le dit, un document interne de la multinationale pétrolière Schlumberger « fuité » par le réalisateur le confirme. Celui-là montre que les puits du golfe du Mexique perdent en étanchéité à mesure de leur vie : 6% de cas de manque d’étanchéité juste après le forage, 50% après quinze ans.

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Un document auquel viennent s’ajouter 4 autres aussi présents dans le Pdf. Une présentation Powerpoint par exemple de SouthWestern Energy montre des scénarios dans lesquels les puits échouent à empêcher les gaz et autres substances de contaminer les nappes phréatiques. Un autre estampillé Archer montre des taux de fuite énormes en offshore, dans le golfe du Mexique (45%) et dans la mer du Nord (34% dans les eaux britanniques, 18% dans les eaux suédoises), des taux assimilés à « un risque de fuite incontrôlée ». Des documents que les compagnies se gardent bien de rendre public.

« On a déjà vu ce film : on a vu les compagnies de tabac s’asseoir devant les micros et se rendre coupables de parjure devant le Congrès américain en disant “Je ne peux pas...Je ne crois pas que le tabac cause des cancers”. Et pendant ce temps-là les rapports dans leurs tiroirs disaient le contraire ! », s’agace à l’écran Doug Shields, chef du conseil municipal de Pittsburgh qui a pu interdire la fracturation hydraulique dans la commune. La comparaison n’est pas hasardeuse : on retrouve dans les coulisses du lobby pro-gaz de schiste porté par l’Association américaine du gaz aturel (ANGA), Hill &Knowlton, une société de relations publiques. La même qui servait à dissiper l’idée que le tabac entraînait des cancers dans les années 1950. « Comme l’industrie du tabac : ils ont un problème insoluble. De la même manière qu’il n’existe pas de cigarette inoffensive, il ne peut y avoir de fracturation hydraulique sûre. Et ils le savent », souligne Josh Fox.

Au détour du documentaire, le réalisateur met sa pierre à l’édifice du combat anti-gaz de schiste dans l’Etat de New York. Le gouverneur actuel, Andrew Cuomo, pourrait en effet lever le moratoire vieux de quatre ans sur l’exploitation du gaz de schiste par fracturation hydraulique. Depuis, la résistance s’organise avec des stars comme Yoko Ono, Lady Gaga ou Alec Baldwin en figure de proue.

Voir « The Sky is pink » en intégralité :

THE SKY IS PINK by Josh Fox and the GASLAND Team from JFOX on Vimeo.

Pour les non-anglophones, Paul Keirn a restitué intégralement sur son blog le texte du film et traduit en français.