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« Si les ministres Europe Ecologie partent maintenant, ils se ridiculisent »
mardi, 25 septembre 2012 / Karine Le Loët /

Rédactrice en chef à « Terra eco ».

Le politologue Daniel Boy considère que la présence des écolos dans l’exécutif permet de faire avancer leur cause.

Daniel Boy est politologue au Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences Po), spécialiste des mouvements écolos. Interview réalisée le lundi 17 septembre.

Terra eco : Les thèses écologistes ont-elles besoin des Verts pour être portées ?

Daniel Boy : Le Grenelle n’a pas été inventé par les Verts. Il peut y avoir un partage politique sur ces thématiques même si, en règle générale, la droite n’est pas très intéressée par les questions d’écologie. Le Grenelle, c’est un incident de l’histoire, c’est la rencontre entre Sarkozy et des ONG. Certes, on ne peut pas dire que la droite n’ait rien fait pour l’écologie – même Hollande reconnaît que ce n’est pas nul –, mais c’est arrivé dans une conjoncture politique très particulière. D’ailleurs, à la fin de son mandat, Sarkozy disait plutôt que l’environnement, « ça commençait à aller ». A mon avis, les écolos sont encore les meilleurs défenseurs de ces questions. C’est absolument nécessaire qu’il y ait un parti écolo, un mouvement écolo. Il n’y a qu’un cas en Europe où il n’y avait pas, jusqu’à récemment, de grand parti dédié : c’est le Danemark. Simplement parce que les autres partis font aussi de l’écologie. Mais, en France, si vous confiez ces questions au PS et à l’UMP, ça ira tout doucement.

Les Verts peuvent-ils mieux faire passer leurs idées en étant au gouvernement ?

Oui, au gouvernement, ils peuvent avoir du poids. Et puis, ils ont un groupe à l’Assemblée, un autre au Sénat. Cécile Duflot (ministre du Logement, ndlr) dans sa position actuelle peut faire avancer leurs idées. Sans cette position, ils n’auraient pas obtenu la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim.

Il n’est donc pas temps pour les Verts de quitter le gouvernement ?

Il y a eu tant d’efforts… Depuis 2009 et les élections européennes, ils se battent pour trouver un accord. S’ils partaient au bout de quatre mois, ce serait un aveu que leur stratégie était mauvaise. Ils se ridiculiseraient en public et vis-à-vis du mouvement ! Si on regarde la conférence environnementale, mon sentiment est que Hollande a assuré politiquement. Il a annoncé la fermeture de Fessenheim en 2016, il a dit qu’il n’était plus question de gaz de schiste. Evidemment, il n’a pas reparlé de l’écotaxe poids lourds, de la protection des lanceurs d’alerte, de la part du ferroviaire dans les transports, des tarifs de rachat de l’électricité photovoltaïque, etc. La vraie difficulté n’est pas sur les questions écologiques mais sur le traité européen. Il y a un désaccord au sein des Verts – et aussi au sein du PS, d’ailleurs – sur cette question. Mais là, il va y avoir un vote. C’est une épreuve de vérité. Je ne sais pas quelle sera la réaction du gouvernement si l’ensemble du groupe s’abstient. Il y a des bonnes mœurs à respecter dans une majorité ! Quel degré de tolérance aura le Premier ministre sur les parlementaires ? Il pourra admettre que quelques-uns s’abstiennent, mais pas beaucoup plus. —


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