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La mort dans l’âme
jeudi, 27 septembre 2012 / Anne de Malleray

Into the Abyss, de Werner Herzog. En salles le 24 octobre.

Le 24 octobre 2001, dans la petite ville de Conroe, au Texas, Jason Burkett et Michael Perry abattent Sandra Stotler, son fils Adam et l’un de ses amis Jeremy. Le crime est de sang froid, le motif, dérisoire. Les deux garçons convoitent le coupé Camaro qui se trouve dans le garage des Stotler. Après une brève cavale, ils sont arrêtés et condamnés pour meurtre avec préméditation, l’un à la peine capitale, l’autre à la prison à vie. Werner Herzog rencontre d’abord Michael Perry à Polunsky Unit, « couloir de la mort » texan, huit jours avant son exécution, programmée le 1er juillet 2010. Jason Burkett, lui, fut plus chanceux lors du procès. Son père, Delbert Burkett, venu témoigner menotté, a supplié le jury de laisser la vie à son fils qui n’a « jamais eu de chance », faisant basculer les deux femmes du jury. Into the Abyss ne questionne pas le verdict, ni les faits, relatés cliniquement grâce aux vidéos tournées par la police sur les lieux des meurtres. Finement, en s’adressant à tous, coupables, victimes, représentants de la justice, avec le même respect, le réalisateur tente de percer le mystère de la violence et de la mort infligée, qu’elle soit légale ou meurtrière. Derrière l’absurdité du crime, on découvre la misère sociale, l’habitude de la prison – le père et le frère de Jason Burkett purgent aussi de longues peines –, les mauvais tirages du destin. Into the Abyss est exploratoire avant d’être militant. Au fil de témoignages saisissants, comme celui de la femme de Jason Burkett, épousée en prison, ou le récit d’un ancien capitaine de la « tie-down team », l’équipe qui attache les condamnés à la table d’exécution, Herzog, assumant la part de chaos de l’âme humaine, nous confronte à l’abîme. —


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