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Bic crée le jetable durable… Et demain on rase gratis ?
jeudi, 27 septembre 2012
/ Emmanuelle Vibert
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Mine de rien, le géant français tente un coup de force : faire passer ses stylos et ses lames éphémères pour des modèles de produits écolos ! Mais jouer la transparence et distiller quelques écogestes ne garantit pas une com au poil.
C’est sûr, se présenter comme le roi du jetable pendant près d’un demi-siècle puis afficher des prétentions écolos quand la mode du durable est venue, ça ressemble à un grand écart. Mais la figure ne fait pas peur à Bic ! Le groupe français commence à parler « développement durable » en 2003. Et, pour la dernière-née de ses campagnes de com sur le sujet, la marque la joue factuel et propose une « initiative d’information environnementale pour ses rasoirs ».
Sur un site Internet dédié (1), on découvre des pictogrammes sur les émissions de gaz à effet de serre, l’épuisement des ressources naturelles non renouvelables et la consommation d’eau de ses rasoirs Bic Flex 3 et du Bic Flexi Lady. Suffisant pour convaincre que si, si, on peut faire du jetable… durable ? Ça reste à voir.
Dans son rapport développement durable 2011, la marque invite à « dépasser l’opposition jetable/durable » : « Les produits Bic sont souvent qualifiés de produits “ jetables ”. Sans être tous rechargeables, ils ne sont pas pour autant à usage unique. Bien au contraire, ils offrent pour la majorité d’entre eux une longue durée d’utilisation : jusqu’à 2 km d’écriture pour un stylo, 3 000 flammes pour un briquet et 7 à 10 rasages pour un rasoir. »
Et, pour convaincre de sa bonne foi, la marque aligne les initiatives : 2008 voit naître Bic Ecolutions, une gamme composée d’un rasoir avec un manche en « bioplastique » et d’articles de papeterie (stylo à bille, crayon graphite, ruban correcteur) fabriqués – en partie – avec des matières recyclées. En 2009, il reçoit le label NF Environnement pour sept de ses produits (stylos, crayons). En 2010, il invente le rasoir recyclable et le promeut à la télé via l’image d’Eric Cantona. Un flop : le public ne suit pas et Bic abandonne la démarche. Mais, en 2011, c’est un programme de collecte et de recyclage des stylos qui est lancé, en partenariat avec l’entreprise TerraCycle. En 2012, c’est donc « l’information environnementale » qui est à l’honneur.
(1) Le site de Bic
« Multinationales et développement durable, pour le grand public, ça ne fait pas plus bon ménage que produits jetables et consommation responsable. Après une communication très “ verte ”, Bic a pris la voie du factuel. C’est plutôt réussi avec une information simple, dans le respect des règles de l’affichage environnemental et une méthodologie explicite. Il manque néanmoins une comparaison “ avant/après ” et on perd en lisibilité sur les actions mises en place. Mais le gros du travail n’est-il pas avant tout du côté des consommateurs ? »