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Noël Mamère : « Le traité européen sera adopté quelle que soit la position des écologistes »
mardi, 18 septembre 2012 / Thibaut Schepman /

Non, nous n’avons pas à « sauver la planète ». Elle s’en sort très bien toute seule. C’est nous qui avons besoin d’elle pour nous en sortir.

Oui, les ministres écologistes doivent rester au gouvernement « jusqu’au moment où l’on ne sera plus dans le compromis mais dans la compromission », estime le député d’Europe Ecologie - Les Verts (EELV).

Cette interview a été réalisée le 18 septembre.

La conférence environnementale a déçu, les sujets de discorde s’accumulent. Les ministres écologistes doivent-ils rester au gouvernement ?

Il faut être clair. Oui, la conférence environnementale n’a pas eu les résultats que l’on pouvait attendre. Oui, elle nous laisse insatisfaits. Un cap a été fixé, mais beaucoup de questions se posent encore, notamment sur le financement. Par ailleurs, la conférence n’a pas évoqué un sujet essentiel à mes yeux, à savoir le réacteur Astrid. Ce surgénérateur, prévu pour tourner en 2040, est un véritable loup dans la bergerie. Il est incompatible avec la transition énergétique. On va aussi poursuivre les travaux dans les centrales françaises, or tout l’argent dépensé pour ces soins palliatifs ne servira pas la transition. Donc, oui, il y a beaucoup de sujets de discorde, mais pour moi, les ministres écologistes doivent rester au gouvernement.

Il faut rester… mais pour quoi faire exactement ?

Il faut rester parce que la politique, c’est un rapport de forces. Tout le monde sait que les socialistes ne sont pas écologistes, et vice-versa. Le but des ministres écologistes est de faire bouger les lignes sur des questions à l’agenda : comment va-t-on financer la rénovation thermique d’un million de logements ? Comment développer nos savoir-faire sur l’éolien et le solaire ? Comment s’engager vers la sobriété ? Je ne désespère pas d’obtenir encore un certain nombre de compromis. Les ministres doivent rester jusqu’au moment où l’on ne sera plus dans le compromis mais dans la compromission. Europe Ecologie - Les Verts est un parti expérimenté, ce sera à lui d’en décider.

L’Assemblée nationale doit voter début octobre le Traité budgétaire européen. Les socialistes sont pour, les écologistes sont contre. Votre position peut-elle évoluer si ce texte est adopté ?

Ce traité sera adopté quelle que soit la position des écologistes. Le problème des écologistes n’est de toute façon pas de s’arc-bouter à chaque dissension. Notre but est de travailler, en l’occurrence pour avancer vers une Europe fédérale, c’est-à-dire vers une harmonisation fiscale, une taxe carbone, une taxe sur les transactions financières, un New deal écologique...