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Là où les shoots se font en salle
jeudi, 30 août 2012 / Alexandra Bogaert

Le débat sur les salles de consommation supervisées de drogue est relancé en France. Six de nos voisins européens en sont dotés, pour le bénéfice des toxicomanes, réintégrés dans un parcours de soins.

Faut-il ouvrir des salles de consommation supervisées de drogues en France ? La question fait à nouveau débat depuis que le député socialiste et adjoint au maire de Paris Jean-Marie Le Guen a demandé, mercredi, au gouvernement d’autoriser l’ouverture de ces salles.

Sa demande rejoint celle exprimée il y a plusieurs années déjà par de nombreuses associations parmi lesquelles Médecins du Monde, Sidaction, Aides, Act-Up, et Réseau réduction des risques. Dans un communiqué commun, elles rappellent que ces « salles de consommation à moindre risque » ont déjà fait la preuve de leur efficacité dans les huit pays qui les ont adoptées (dont six en Europe).

Les salles de shoot en Europe
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Des salles pour des populations exclues

En effet, comme le notait déjà un rapport de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) en 2010, ces centres d’injection supervisés permettent de diminuer les risques liés à la prise de drogues injectables (transmission du VIH et de l’hépatite C, abcès, infections, overdoses) et de toucher des populations exclues, en facilitant leur intégration dans un parcours de soins.

Les chercheurs français reconnaissaient toutefois, à partir des quelque 90 exemples étrangers, qu’il peut y avoir des tentatives de deal à l’intérieur ou aux abords du centre d’injection supervisé, ce qui peut parfois créer des tensions avec le voisinage.

Les politiques français restent divisés sur la question. Dans une interview au Parisien, Jean-Marie Le Guen rappelle que « François Hollande avait fait part pendant la campagne présidentielle de son intérêt pour ce genre d’expérimentation ».

La ministre de la Santé planche sur ce sujet polémique

Selon Europe 1, une salle serait même prête à ouvrir ses portes tout près de la gare du Nord, à Paris. Et le cabinet de la ministre de la Santé plancherait sur le dossier depuis le début du mois. Mais la ministre demeurerait frileuse sur le sujet.

Jean-Vincent Placé, sénateur Europe Ecologie - Les Verts (EELV) a de son côté déclaré, jeudi, souhaiter « une expérimentation rapide des salles de shoot ». Hervé Morin, ancien ministre de la Défense et président du Nouveau Centre, est lui aussi favorable à ces centres d’injection à destination, surtout, des héroïnomanes. « Ces salles de consommation médicalisées sont soutenues par de très nombreux élus de terrains, médecins addictologues ou associations accompagnantes », relève-t-il, soulignant « les conséquences positives » que ce dispositif a pu avoir, en Suisse et au Canada notamment, sur les usagers de drogues.

Plusieurs voix à l’UMP se sont élevées contre la création de salles de shoot en France. Pourtant, quelques ténors de l’ex-parti présidentiel (Roselyne Bachelot, Nadine Morano et Jean-Claude Gaudin) se sont déjà, à titre personnel, prononcés pour.

- L’Office européen des drogues et de la toxicomanie (en anglais).