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Nucléaire : « La provocation d’Arnaud Montebourg est totalement inutile »
mardi, 28 août 2012 / Thibaut Schepman /

Non, nous n’avons pas à « sauver la planète ». Elle s’en sort très bien toute seule. C’est nous qui avons besoin d’elle pour nous en sortir.

Le député EELV François de Rugy dénonce les propos tenus par le ministre du Redressement productif mais s’en tient au programme de François Hollande, défendant une réduction de la part du nucléaire dans la production d’électricité en France.

François de Rugy est le co-président du groupe Europe Ecologie - Les Verts à l’Assemblée nationale.

Terra eco : Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a affirmé que : « Le nucléaire est une filière d’avenir ». Il a été soutenu par Manuel Valls, ministre de l’Intérieur. Comment réagissez-vous en entendant ces propos ?

François de Rugy : Je suis partagé. A la fois, je ne suis pas étonné de voir Arnaud Montebourg défendre ce point de vue, lui qui a toujours été très pro-nucléaire, tout comme Manuel Valls d’ailleurs. Mais je m’interroge aussi : pourquoi relancer le débat de cette manière et à ce moment ? Est-ce une façon de jouer le clivage entre l’industrie, le redressement productif et l’écologie, comme si l’un n’allait pas sans l’autre ? Je trouve dommage qu’Arnaud Montebourg s’autocaricature ainsi en s’évertuant à défendre une industrie qui montre partout dans le monde qu’elle est à bout de souffle. J’invite Arnaud Montebourg à prendre au mot le terme de « redressement productif » (qui figure dans le titre de son ministère, ndlr) et à développer ce qui peut être porteur de redressement dans le secteur de l’énergie, c’est-à-dire le photovoltaïque, l’éolien, les algues vertes, le démantèlement des centrales...

Cette polémique montre-t-elle que l’accord signé entre le Parti socialiste et Europe Ecologie - Les Verts n’était pas assez clair ?

Non, chacun connaît le point d’équilibre qui a été trouvé entre les partis et qui est très clair. Il va y avoir une conférence environnementale, puis un débat sur l’énergie et ensuite une loi d’orientation où l’on définira les modalités de la réduction de la part du nucléaire dans la production d’électricité en France d’ici 2025.

Noël Mamère parle d’un problème culturel entre les écologistes et les socialistes sur la question du nucléaire. Partagez-vous ce point de vue ?

Il ne faut pas oublier que le PS n’a pas de point de vue homogène sur le nucléaire. Il y a toujours eu dans ce parti des pro-nucléaires, qui n’ont rien à envier à ceux de la droite ou du Parti communiste. Et il y a toujours eu des opposants. Je rappelle d’ailleurs que Jean-Marc Ayrault (alors maire de Nantes, ndlr) lui-même s’était trouvé dans les rangs du défilé des opposants au projet d’EPR à Nantes dans les années 1990. Oui, il y a des divergences sur le long terme mais il y a un accord sur un objectif commun : celui de réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité d’ici 2025. Il faut en rester là, en se fixant des rendez-vous réguliers jusqu’à cette échéance.

Le premier rendez-vous sera la conférence environnementale à la mi-septembre. Cette « provocation » comme vous l’appelez d’Arnaud Montebourg est-elle mauvais signe ?

C’est en tout cas un signe totalement inutile. Mais ce n’est pas parce que des gens essayent de peser sur le débat avant qu’il ait lieu qu’il n’aura pas vraiment lieu. Nous ne sommes pas novices en politique, et nous savons que ces provocations ne vont pas cesser. A nous de ne pas quitter le navire à chacune d’elle, car le seul gagnant serait alors le lobby pro-nucléaire.


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