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Nucléaire : « La profession de foi de Montebourg est en décalage total avec la réalité »
lundi, 27 août 2012 / Denis Baupin /

Député de Paris, vice-président (EELV) de l’Assemblée nationale.

Pour Denis Baupin, les coûts cachés de la filière nucléaire sont trop élevés. Le député de Paris conseille au ministre Arnaud Montebourg de préparer le démantèlement des centrales françaises.

Le ministre du Redressement productif a estimé dimanche soir que le nucléaire serait une filière d’avenir. Cette profession de foi est en décalage total avec la réalité. Partout dans le monde, au contraire, le nucléaire est en déclin : abandon en Allemagne, en Belgique, en Italie, abandon de fait au Japon, remise en question des programmes de construction en Chine, aux Etats-Unis… partout les Etats considèrent aujourd’hui que les risques et les coûts liés à cette énergie dépassent largement ses avantages supposés.

En effet, le récent rapport de la Cour des Comptes, confirmé par le rapport de la commission d’enquête sénatoriale sur le prix de l’électricité, a mis en évidence les nombreux coûts cachés du nucléaire (démantèlement, déchets, assurance en cas d’accident) et surtout les coûts futurs de la production électrique nucléaire (EPR, investissements de sécurité pour éventuelle prolongation de durée de vie des centrales) qui démontrent que le coût futur du nucléaire dépassera celui des énergies renouvelables. Surcoût très largement aggravé bien sûr si un accident devait intervenir – hypothèse que l’Autorité de Sûreté Nucléaire française a reconnu possible – puisque la Cour des Comptes a évalué le coût d’un accident type Tchernobyl ou Fukushima entre 600 et 1000 milliards d’euros, soit 6 à 10 fois le coût de construction de l’ensemble du parc nucléaire français ! On ne peut que conseiller à Arnaud Montebourg d’aller rendre visite aux habitants et élus de Fukushima : il n’en trouvera aucun pour lui dire que le nucléaire est une énergie économiquement rentable.

Ne pas rater le train

La France ne doit pas rater le grand virage énergétique et industriel pris par l’ensemble des pays du monde. Elle ne peut rester, comme à l’époque du minitel ou du Concorde, accrochée à une technologie dépassée et doit au contraire préparer la reconversion. L’avenir du nucléaire, c’est avant tout la gestion de « l’après », des déchets, du démantèlement des réacteurs (plus de 400 à travers le monde) pour lequel la filière française pourrait se transformer en filière d’excellence afin de reconvertir les emplois du secteur, tout en organisant le développement des filières énergétiques d’avenir (énergies renouvelables, efficacité énergétique) bien plus intensive en emplois : les énergies renouvelables allemandes ont d’ores et déjà créé 3 fois plus d’emplois que l’ensemble du nucléaire français.

A partir de la conférence environnementale des 14 et 15 septembre aura lieu le grand débat national sur l’énergie. Nous y prendrons toute notre place pour que la promesse du Président de la République (réduire la part du nucléaire de 75% à 50% d’ici 2025) soit mise en œuvre, comme première étape vers une sortie progressive d’une énergie qui a déjà fait bien trop de dégâts à travers le monde. C’est un enjeu de sûreté. C’est un enjeu majeur pour les emplois d’aujourd’hui et de demain. C’est donc une voie royale pour le redressement productif.