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Au Bénin, le jatropha emploie mais n’affame pas
lundi, 13 août 2012 / Africa Express /

Africa Express est une grande aventure : un tour d’Afrique en train au départ de Paris, via Tanger, Le Cap puis enfin Le Caire. Durant ce voyage, 20 projets d’énergies renouvelables seront étudiés, et un documentaire vidéo témoignera de cette mission de 8 mois. L’objectif de la Mission est de mettre en avant les initiatives positives qui existent sur ce continent, à travers l’étude sur le terrain de projets d’énergie. Cette étude permettra d’identifier les bonnes pratiques réplicables, les facteurs-clés de succès en terme de technologie, de gouvernance, de business-models... Ce travail sera formalisé au premier trimestre 2013 à travers un Livre Blanc.

Faire du jatropha sans menacer les cultures vivrières, c’est possible. La preuve au Bénin, dénichée par Africa Express, qui fait le tour du continent pour témoigner des projets innovants en matière d’énergie.

Est-il possible d’intégrer à Africa Express, notre projet d’énergies innovantes et exemplaires en Afrique, la culture du jatropha, dont l’huile fournit un agrocarburant de seconde génération très controversé ?

Si le jatropha a été présenté au début des années 2000 comme une solution miracle, dix ans plus tard, pratiquement l’ensemble de la littérature technique et scientifique qui traite de cet agrocarburant est très critique. Car au lieu d’être déployé sur des terres appauvries pour favoriser la reconstitution des sols, le jatropha a surtout été exploité de manière intensive sur des terres arables en monoculture… Il écope donc du plus gros reproche fait aux agrocarburants : produire de l’énergie au détriment de cultures vivrières. On observe pourtant des cas concrets de production d’huile de jatropha basés sur un autre modèle de développement, comme ce programme d’Afrique de l’Ouest.

Du jatropha pour faire de la transformation agroalimentaire

Au Bénin en zone rurale, moins de 5% de la population a accès à l’électricité, freinant considérablement le développement économique et social. L’essentiel de l’activité économique est lié à l’agriculture. Dans les villages, les activités mécaniques de transformation agroalimentaire sont entravées par la disponibilité et le coût du gasoil : ruptures de stock, distance d’approvisionnement, coût…

Le Geres (Groupe énergies renouvelables, environnement et solidarités) opère depuis 2003 au Bénin. Après réalisation d’une étude de faisabilité en 2008, le Geres met en œuvre le développement d’une filière locale de production d’huile végétale pure (HVP) de jatropha comme moyen de substitution total ou partiel du gasoil pour les activités économiques de zones et villages identifiés.

Selon Raymond Azokpota, responsable du Geres Bénin, il s’agit « d’identifier les besoins en carburant, d’accompagner les agriculteurs de la zone dans le lancement de la production de jatropha, afin d’obtenir une production d’HVP équivalente aux besoins, pour un territoire économique rural donné ». On parle donc de filière locale de proximité.

Le programme pilote se décline en 4 phases de développement :

Une femme qui s’occupe de la transformation du jatropha. Crédit photo : Africa Express

Une expérience riche d’enseignements pour toute l’Afrique de l’Ouest

Alors que cette expérience pilote commence à porter ses fruits au Bénin et au Mali (où le Geres duplique le même programme), les enseignements sont déjà nombreux. La fabrication locale d’HVP à base de jatropha possède beaucoup d’avantages : elle est créatrice d’emplois, représente un accroissement des revenus pour les agriculteurs volontaires, répond à des intérêts économiques importants pour les habitants, et a un impact environnemental très positif.

Le programme s’est prémuni des dérives industrielles de la culture d’agrocarburants. Enfin, il fédère l’ensemble des parties prenantes : institutionnels, représentants agricoles, acteurs économiques de la transformation agroalimentaire, coopératives… Il est donc logique que ce modèle de développement plus soutenable reçoive l’intérêt des autorités nationales, alors que le Bénin doit définir sa politique publique sur les agrocarburants.


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