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Bouchons : la carotte vaut mieux que le bâton
vendredi, 13 juillet 2012 / L’usine à GES /

La lettre des professionnels du changement climatique

En Californie, les automobilistes qui évitent les heures de pointe peuvent participer à une loterie. Une initiative visant à réduire les embouteillages et les pollutions qui en découlent.

Les embouteillages sont une plaie. Ils ruinent le moral des automobilistes. En moyenne, souligne une récente étude de la société d’infotrafic Inrix, les Français sont restés coincés dans leur auto, en 2011, 36 heures (58 heures pour les Franciliens). Soit une heure de plus que l’année précédente. De quoi s’énerver.

Les bouchons font aussi s’arracher les cheveux aux gestionnaires d’infrastructures de transport. Certains exploitants d’autoroute n’hésitent plus à porter plainte contre les agents des douanes, pour entrave à la circulation, lorsque les gabelous chassent le trafiquant en période de circulation dense.

Une consommation qui double

La congestion automobile n’est pas non plus très bonne pour l’environnement, en général, et le climat en particulier. L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) estime que lorsque ça roule vraiment mal, la consommation de carburant peut doubler ainsi que les émissions de CO2 qui vont avec. Pour tenter de réduire ce mal planétaire, tout ou presque a été tenté : péage urbain (Londres), voies d’autoroute urbaine réservées aux covoitureurs (Los Angeles), grands parking situés à proximité des gares, taxe sur les conducteurs entrant dans un embouteillage (un projet new yorkais)… sans que les résultats soient toujours au bout de la route. Les spécialistes du bouchon estiment pourtant qu’il « suffit » de réduire de quelques pourcents le nombre d’automobiles présentes sur un même tronçon de route à la même heure pour fluidifier le trafic et réduire les émissions. Deux chercheurs de l’université de Californie estiment à 20% le gain potentiel en émissions carbonées.

La loterie des vertueux

Problème : comment détourner ces conducteurs de leur embouteillage préféré ? Constatant que les politiques « bâtons » rivalisaient d’inefficacité, Balaji Prabhakar a imaginé un « système carotte ». Ce professeur d’informatique à l’université Stanford (Californie) a conçu un ingénieux dispositif de loterie pour automobilistes vertueux. Uniquement accessible aux automobilistes travaillant sur le campus de Stanford, Capri (Incitations au parking extérieur pour décongestionner les centres-villes) propose, depuis quelques semaines, aux automobilistes qui acceptent d’arriver et de quitter le campus en dehors des heures de pointe de participer à une loterie.

Après s’être inscrits en ligne, les participants reçoivent une petite étiquette radio-fréquence à coller sur le pare-brise du véhicule. À chaque passage aux portails d’accès, des scanners enregistrent l’heure, le jour et l’immatriculation du véhicule. Régulièrement, des tirages au sort sont effectués. Les gagnants touchent jusqu’à 50 dollars (41 euros) de gains, qui peuvent être crédités sur leur carte de parking ou directement sur leur compte bancaire. Bien évidemment, les résultats sont publiés sur le site de Capri, entretenant l’esprit de compétition entre les participants.

Aussi ludique soit-il, le système est pris au sérieux. Le ministère américain a injecté 3 millions de dollars (2,4 millions d’euros) dans l’opération. Etudiants, professeurs et administratifs de Stanford sont de plus en plus nombreux à éviter les heures de pointe. A tel point que l’expérimentation va être étendue, dès le mois d’août, aux établissements voisins de la prestigieuse université. De l’autre côté du Pacifique, les autorités de Singapour envisagent, elles aussi, de mettre en place cette loterie du bouchon. A qui le tour ?

Cet article a initialement été publié dans la lettre mensuelle de l’Usine à GES.


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