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Avec Citégreen, triez, troquez, pédalez et… encaissez !
jeudi, 5 juillet 2012 / Karine Le Loët /

Rédactrice en chef à « Terra eco ».

Lancée en février, Citégreen distribue des points à chaque kilomètre de vélo parcouru et bientôt à chaque kilo de déchets trié. Et jure qu’il vaut mieux récompenser les gestes vertueux que taxer les pratiques nocives.

Le vélo, parfois, ça gonfle. Surtout quand il faut grimper et que le soleil de juillet frappe les guiboles. Pour vous motiver, Citégreen vous offre la carotte. Pour trente minutes parcourus en Vélib – les vélos en libre-service de la ville de Paris [1] – vous recevez 10 points. En pédalant deux fois par jour, sept jours par semaine, vous recevrez ainsi 140 points. Des points que vous pourrez échanger pour économiser 10 euros sur un T-shirt équitable Tudo-Bom, 20% sur une gourde Gobilab ou 60% sur une location de vélos à assistance électrique chez Buzibi.

Le bâton contre-productif

La petite start-up est née en février dernier sur une idée de trois férus de nouvelle technologie. Le concept ? Récompenser les écogestes. « On voyait que la communication sur l’environnement consistait surtout à culpabiliser les gens ou à agiter le bâton. On avait envie d’inverser la tendance. D’autant qu’il y a encore une grande partie de la population qui n’est pas écolo-convaincus. Les culpabiliser, c’est contre-productif », confie Emmanuel Touboul, l’un des cofondateurs. Citégreen a décidé de gratifier trois pratiques en particulier : l’éco-mobilité, l’énergie et le tri des déchets. Au-delà de son partenariat avec Vélib, elle récompense notamment la location de voitures entre particuliers via Cityzen Car ou encore la consommation d’électricité renouvelable avec Planète Oui. « Le client gagne des points chaque mois tant qu’il est abonné et décroche une prime si sa consommation d’électricité est plus basse que la moyenne des Français », précise Emmanuel Touboul.

Pour le tri et le recyclage, deux manières de décrocher la timbale : en troquant, donnant, louant via la plateforme Consoglobe ; en envoyant ses vieux ordis, tablettes, téléphones portables se faire recycler chez Love2recycle. Mais Citégreen prépare le prochain pas… qui sera de géant. Elle est engagée avec une dizaine de collectivités pour distribuer des points bonus aux habitués du tri. En clair, à chaque kilo recyclé dans sa poubelle jaune tracée grâce à une puce électronique, les habitants recevront des récompenses. Ça tombe bien, le Grenelle a rendu obligatoire d’ici à 2015 la tarification incitative, soit la taxation des ménages selon le volume de déchets produits. Un dispositif qui devrait généraliser le traçage des poubelles via les puces électroniques RFID.

36 658 minutes en une semaine

Mais Citégreen ne distribue pas ses points bonus au doigt mouillé. La récompense est calculée en fonction du nombre de grammes d’équivalent CO2 économisés. Exemple : si vous prenez le vélo sur 3 km, c’est autant de CO2 qui ne sera pas craché par une voiture. « En une semaine, depuis le lancement de notre partenariat avec Vélib’, nous avons déjà comptabilisés 36 658 minutes de temps passé sur un vélo. Selon nos calculs, nos utilisateurs ont ainsi économisé environ 1 200 kg d’équivalent CO2 », déclare fièrement Emmanuel Touboul.

Avec les points, impossible d’avoir une ristourne sur un plein d’essence. Ceux-là sont à dépenser chez des partenaires commerciaux qui ont un engagement bio, équitable, font de l’éco-conception ou sont engagés socialement. Bref, répondent aux critères de la charte de Citégreen. Que vient faire l’offre 50 points contre un film sur Canal Play dans tout ça ? « C’est dématérialisé, ça ne produit pas de déchets. Et dans notre vision d’une société durable, il y a un accès pour l’ensemble de la société aux produits culturels et de loisirs », justifie Emmanuel Touboul.

Mais comment Citégreen se fait-elle de l’argent ? A la source, elle prélève une dîme auprès de ses partenaires au nom de la fidélisation de la clientèle. En aval, elle touche un pourcentage sur les récompenses données. Et demain ? Elle s’imagine déjà adossée à toutes les offres de vélos libre-service, de recyclage ou au creux de votre mobile dans des applications « capables de vous accompagner au quotidien ». Son but ultime : réduire le bilan carbone des Français.


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